Le barrage d'eau planté à coup de milliards en amont de la palmeraie de Hamdoune à quelques, 20 km d’Atar, en Adrar, est-il une erreur monumentale? La question est bien légitime à plus d'un titre compte-tenu de l'impact de l'après-barrage sur l'homme, la faune et la flore dans cette localité!
Les eaux de ruissellement qui dévalaient des affluents depuis la nuit des temps sont aujourd'hui bloquées dans une poche montagneuse décalée par rapport à la ligne frontale de l'ouvrage qui aurait coûté près de 10 milliards ouguiyas anciens au contribuable mauritanien !
Et quelle désillusion ! Les eaux qui inondaient la base du Oued Ain Taya et qui s'échappaient vers l'oued lebyadh pour arriver à Yaghref et plus tard inonder en profondeur et par gravité les inflexions des terroirs arrimés en contrebas sont devenus un véritable mirage!
Le dernier hivernage a vu toutes ces terres entièrement sevrées et encore plus grave toute la faune avec...
Les spécialistes ont perdu de vue que aussi que les animaux de cette faune vivent des eaux de surface et qu'ils ne peuvent guère attendre que la retenue d'eau supposée livrer les eaux vers les zones situées en aval viennent les alimenter !
Et bien plus de lapins, plus de chacals, plus de reptiles et plus de petites créatures comme fourmis et leurs prédateurs naturels.
Les habitants des zones inondables mais qui attendaient stoïques les retombées du fameux barrage ne savent plus à quoi s'en tenir !
Les palmeraies privées des eaux sont à sec et les pompes solaires n'ont plus d'eau disponibles à remonter ! A croire que la maigre poche d'eau gardée en otage du thalweg serpentant des affluents s'est tout simplement endormie là où elle est faute de pouvoir irriguer le sous-sol et les zones dépendantes plus bas situées ; les palmeraies ceinturant le pont de El Ain ont perdu des dizaines d'individus et les survivants ont perdu leur vigueur à vue d'œil. La plus part montrent des branches sèches ou mortes.
Cette année les cultures sous palmier n'ont pas eu lieu, sans compter les cultures de décrues qui n'ont pas non plus été pratiquées faute d'eau.
Les adrarois poussés par leurs élus ont applaudi le projet à son annonce par le gouvernement, alors que la retenue réalisée au dépend des caisses de l'Etat et des réserves d'eau potable utilisée sans discernement pour construire l'ouvrage, n'ont eu pour effet que de priver les espaces, la faune et les habitants des distributions d'eau servies par la nature selon les règles qui régulent naturellement la vie des hommes, des animaux et des espaces végétaux.
La propagande politique qui a accompagné la mise en œuvre du projet a fait croire aux paisibles citoyens adrarois que les résultats se feront voir après deux ou trois hivernages quand il y aura suffisamment d'eau accumulée ! Mieux encore ! L'eau de pluies retenue par la digue de béton armé ferait marche arrière et viendrait arroser les palmeraies d'Atar et des oueds environnants.
Leghreinatt du nom des affluents montagneux qui serpentent le long des descentes de gré qui donnent au mot Adrar tout son sens géologique et géographique est un barrage implanté ex nihilo sans aucune étude préalable de l'environnement ni variables hydrologiques et géologiques.
Les années 90 ont failli le voir ériger sous l'époque Maaouiya, rapidement le pouvoir y a renoncé quand il s'est résolu à comprendre que les conséquences écologiques, hydrologiques et environnementales seraient un désastre !
Une mission d'observation fera aboutir au même constat si les pouvoirs publics en décident dans l'urgence dans l'intérêt de toute une région et dans l'intérêt national...
Dans quelques mois ce sera l'hivernage adrarois et si le barrage n'est pas démantelé, les choses iront en s'aggravant et il sera alors trop tard !
La politique prétendue économique qui permet à des politiques de créer et de réaliser des ouvrages à coups de milliards pour seulement utiliser matériel et logistique pour arrondir des grains de capitaux au détriment des véritables objectifs économiques du pays doit connaître son terme.
La digue construite dans l'urgence et sans compter les dépenses publiques est un désastre tout court !
C’est là un autre défi et pas n'importe lequel pour la magistrature de Ghazouani. Comment s’y prendra-t-il ? Wait and see.