Le gouvernement mauritanien a refusé la venue d’observateurs électoraux de l’Union Européenne pour la présidentielle du 22 juin prochain. Une décision qui a suscité une levée de boucliers.
Le candidat indépendant national Biram Dah Abeïd ne décolère pas : « Ceci est un mauvais signe. Ça corrobore nos inquiétudes sur la mauvaise foi des autorités, leur intention encore de faire un coup d’État électoral contre le peuple mauritanien. Je continue à espérer que les autorités vont se ressaisir à temps pour ne pas exposer le pays au chaos ».
Décryptant la décision du régime de Ould Abdel Aziz, Biram y voit un manque de sérénité : « Ce refus sur la présence d’observateurs neutres de la part des autorités mauritaniennes relève de leur sentiment que leur candidat, leur pouvoir, leur bilan pour la Mauritanie est mis en minorité par les populations mauritaniennes.
Le pouvoir en place a constaté l’ampleur du rejet du legs de Mohamed Ould AbdelAziz, après plus d’une décennie de gouvernance désastreuse pour l’économie mauritanienne pour tous les secteurs vitaux, un bilan désastreux pour l’unité nationale. Les mauritaniens ne sont pas prêts à élire le candidat de Ould Abdel Aziz.
C'est pourquoi, constatant le rejet très large de leur candidature et de leur candidat, les autorités mauritaniennes, le pouvoir de Ould Abdel Aziz et de Mohamed Ould Ghazouani veulent rééditer un énième coup d’Etat comme tous les coups d’Etat que les deux hommes ont orchestrés contre le peuple mauritanien, contre la légalité, contre le suffrage libre du peuple mauritanien », ajoute Biram, au sortir d’une rencontre, ce jeudi 23 mai avec les ambassadeurs d’Allemagne, de France, d’Espagne et de l’Union Européenne.
Face à l’objection de Nouakchott (maigre consolation !!!) l'UE se contentera d’envoyer deux experts qui « essayeront d’émettre un point de vue après le scrutin ».
Selon lui « cette rencontre entre dans le cadre de l’engouement de la communauté internationale, des partenaires et des amis de la Mauritanie concernant la présidentielle du 22 juin prochain qui est une élection importante pour l’avenir de ce pays et pour le peuple mauritanien car elle sera une élection de rupture avec tout ce que la Mauritanie a connu comme gabegie, comme marasme comme problème récurrent ».
Les partenaires sont intéressés à la transparence des élections, à l’effectivité des élections apaisées, d’élections transparentes au cours desquelles le verdict des urnes sera respecté.
Manquements notoires
Biram a soulevé un certain nombre de griefs à ces interlocuteurs. «Malheureusement, assène-t-il, toutes les conditions requises pour un vote transparent, une situation apaisée, une issue apaisée et consensuelle pour cette élection n’ont pas été encore atteints
car les autorités mauritaniennes s’arc-boutent sur une CENI partiale, usent des moyens de l’État, des deniers de l’État, chaque jour que Dieu fait des dizaines de nomination dans la haute administration qui sont en vérité des corruptions faite pour fidéliser les cadres de la haute administration dans le parti au pouvoir.
C’est une manière d’utiliser l’administration pour fausser les idées et les convictions des gens, des positions des gens à travers la corruption par de sinécures nominations. Nous voyons aussi que le candidat du pouvoir continue à bénéficier d’une couverture large et continue des médias officiels (Radio et TV nationale et l’AMI) contrairement aux autres candidats.
Nous voyons aussi que le candidat du pouvoir , de Mohamed Ould Abdel Aziz, Mohamed Ould Ghazouani est aussi entouré des symboles de l’Etat, des forces sécuritaires qui doivent être neutres et à égale distance des candidats .Nous avons aussi entendu que Ould Ghazouani loge toujours au sein de l’Etat major des Armées dans un bâtiment officiel de l’Armée nationale.
Ce qui est aussi un signe qui ne trompe sur l’intention de ces gens d’utiliser les symboles de l’Etat pour fausser la donne et pour agir sur la mentalité des gens et les intimider » .
Nous pensons, poursuit-il, que les mauritaniens ont démontré à travers toutes nos tournées à l’intérieur du pays et ici à Nouakchott l’adhésion massive que notre campagne, notre projet présidentiel a suscitée.
Les populations mauritaniennes sont engagées dans la bataille du changement, dans la bataille de rupture, sont engagés dans l’accompagnement de notre projet présidentiel et de notre candidature jusqu’à la victoire. Le fait que les autorités mauritaniennes essaient de fausser la donne par des pratiques hors la loi ne peut que faire peser un danger lourd sur l’avenir de la Mauritanie.
Enfin, Biram lance un appel aux autorités pour qu’elles se ressaisissent à temps et pour qu’elles rectifient la CENI, la configuration des bureaux de vote, elles revoient la constitution des bureaux de votes, de leurs présidents de manière à ce que l’impartialité soit de rigueur. Il faut aussi que les autorités puissent ouvrir le champ des médias à tous les candidats à parts égales.
Il faut que l’administration cesse d’être instrumentalisée et sort totalement du giron du candidat du pouvoir qui l’utilise pour obliger les fonctionnaires de l’Etat à être dans son camp. Beaucoup de ces manquements doivent urgemment être réglés pour que nous puissions aller à des élections sereines, à un vote libre », termine-t-il.
Le Calame