Alors que la campagne pour les scrutins législatifs, régionaux et municipaux débute, le candidat du parti SAWAB et président de l'initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste est sous les verrous.
La campagne électorale pour les municipales, législatives et régionales du 1er septembre débute ce vendredi 17 août en Mauritanie. Une centaine de partis politiques de la majorité et de l'opposition participent à cette campagne. Mais elle s'ouvre alors que Biram Dah Abeid, candidat a la députation pour le parti SAWAB, est en prison.
Biram Dah Abeid, aussi président de l'initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie, a été arrêté le 7 août dernier, suite à une plainte pour menaces et diffamation d'un journaliste mauritanien.
Après une semaine de garde-à-vue, il a été inculpé pour "atteinte a l'intégrité d'autrui, menace d'usage de la violence" et mis en détention préventive. Pour ses partisans, il s'agit d'un règlement de compte politique.
"Arrestation politique"
"Nous pensons, comme l'opinion le pense qu'il s'agit bel et bien d'une arrestation politique", estime Blla Touré, un des candidats du parti Sawab. Monsieur Touré ajoute que "le président Biram a été arrêté dans des conditions troubles, pendant qu'il faisait encore nuit, sa maison a été encerclée par des éléments de la police qui s'y sont introduits pour lui signifier qu'ils avaient reçu ordre de le conduire au commissariat".
La commission électorale nationale indépendante (CENI) a validé la candidature de Biram Dah Abeid pendant qu'il était en garde à vue. De son lieu de détention, le leader abolitionniste a adressé une lettre à ses partisans. Dans le courrier, il leur demande de se consacrer à la campagne électorale et non aux manifestations pour sa libération.
La majorité sûre d'elle
Pour les partisans du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, le statut de candidat à la députation ne confère aucune immunité à Biram Dah Abeid qui doit, disent-ils, "répondre des plaintes déposées contre lui".
Outre l'arrestation de Biram Dah Abeid, cette campagne est aussi marquée par de sérieuses réserves de l'opposition quant à la transparence des futurs scrutins. Pour Khalilou Ould Dedde, candidat de l'UFP aux législatives, "le pouvoir actuel est une machine, un parti Etat qui contrôle l'Etat, l'Administration, les moyens de l'Etat et qui crée des conditions où le vote n'est jamais libre".
Ould Dedde ajoute que "la Mauritanie est un pays où les populations regardent généralement le pouvoir et même si elles ne sont pas convaincus, elles ont peur, elles vont au pouvoir tout simplement par peur ou par appât du gain".
En revanche, pour les partisans de la majorité, il n'y a aucun doute sur la transparence car c'est la CENI qui organise ces scrutins et non l'administration.
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