La session annuelle de l’Assemblée Générale des Nations-Unies offre l’occasion pour les chefs d’Etats africains de rencontrer les grands de ce monde, pour exposer la situation, souvent difficile, de leurs Etats et plaider leurs cas, et pour tisser des relations personnelles avec eux – si possible –, en vue de faciliter l’obtention d’aides financières, humanitaires et sécuritaires, en soutien à leurs efforts en matière de lutte contre le sous-développement, la pauvreté et contre le terrorisme.
C’est aussi l’occasion pour les chefs d’Etats africains d’améliorer l’image de leurs pays auprès de l’opinion publique internationale et de faire valoir leurs potentialités économiques auprès des investisseurs étrangers, au travers de rencontres avec la presse internationale, de la participation active aux réunions organisées en marge de la plénière autour des problématiques de développement et par l’organisation de rencontres avec les investisseurs internationaux.
Force est de constater, cependant, que le bilan de la ‘participation’ du Président Mohamed Ould Abdel Aziz à cette session a été plutôt maigre, par rapport à ces objectifs.
Le Président n’a en effet rencontré qu’un seul des présidents des pays industrialisés, le Président français, et ce n’était pas une rencontre bilatérale, mais dans le cadre d’une réunion multilatérale sur le financement de la force anti-terroriste du G5 Sahel, à laquelle d’ailleurs le Président Déby, probablement le plus actif dans le combat contre les groupes extrémistes, n’a pas daigné assister, la jugeant sans grande utilité.
Le Président a également rencontré, à l’instar de la plupart des chefs des états membres présents, le Secrétaire Général des Nations-Unies, dont c’était la première session depuis qu’il a accédé au poste.
L’on a par ailleurs noté que le Président n’a pas été convié à la réception offerte par le Président américain en l’honneur des chefs d’Etats africains, à laquelle, pourtant, plusieurs de ces homologues ouest-africains ont été invités.
Et les observateurs n’ont pu qu’être étonnés du fait que le ministre des Affaires étrangères ait été chargé de la lecture du discours du Président devant l’Assemblée générale : le Président avait-il mal à la gorge, ou voulait-il éviter d’entendre en sortant les slogans irrespectueux que les opposants scandaient devant son hôtel ?
Les observateurs ont été tout aussi étonnés de la rencontre du Président avec la Procureure de la Cour pénale internationale, notre pays n’ayant pas – jusqu’à présent - de problèmes particuliers pouvant concerner cette cour, les crimes économiques transfrontaliers et non transfrontaliers ne relevant pas de ses compétences.
A titre de comparaison, j’ai suivi, par hasard, le JT de la télévision sénégalaise le mercredi soir dernier, où j’ai appris que le Président Macky Sall a participé activement à deux réunions de haut niveau organisées en marge de l’Assemblée, auxquelles ont participé plusieurs personnalités (dont le Président Macron), l’une sur l’Education et l’autre sur le Climat. Le Président Sall a aussi, au cours de la même journée, rencontré tour à tour le Président de la Corée du Sud et le Premier ministre du Portugal. Et on peut être sûr que le Président sénégalais n’a pas délégué la lecture de son discours devant l’Assemblée Générale à son ministre des Affaires étrangères.
Et malgré la faible densité de ses activités officielles, le Président mauritanien ne s’est pas réuni cette fois avec l’importante colonie mauritanienne aux Etats-Unis, pour des raisons inexpliquées.
Au vu de ce bien maigre bilan, l’on est en droit de se demander quel était le but véritable de de ce voyage, dont le résultat pour le pays a été plutôt décevant, par rapport à ce qui pouvait en être attendu, alors qu’il a coûté au Trésor public un montant substantiel qui aurait mieux servi à contribuer à la satisfaction des besoins pressants des populations dans des secteurs vitaux : Eau, Santé, Education...
Mohamed Lemine Ould Deidah