Commis par le président de la République pour la défense du projet constitutionnel du gouvernement au niveau du Gorgol, le Premier ministre Yahya Ould Hademine et la ministre Bâ Coumba -qui ne partagent guère les mêmes idées- sont entrés depuis la semaine dernière, dans un bras de fer, au plutôt, dans une confrontation ouverte.
Il s’agit pour l’un comme pour l’autre, de prouver sa popularité, son poids électoral, la force de sa base dans la région du fleuve… Le torchon brûle entre le Premier ministre Yahya Ould Hademine et la ministre Ba Coumba.
Tout a pris forme la semaine dernière après que le Premier ministre, en partance dans une campagne de sensibilisation au Gorgol, ait décidé de zapper Ba Coumba. Pourquoi ? Nul ne sait encore ce qui s’est réellement produit….
On sait seulement que le président de la République avait auparavant chargé les deux leaders politiques à engager, en collaboration avec l’administration publique en place et l’UPR, une intense campagne de sensibilisation auprès des populations du Gorgol d’abord, puis de la région du fleuve, afin de les amener à s’inscrire sur les listes électorales et de voter plus tard, massivement en faveur du Oui au referendum constitutionnel.
De sources dignes de fois, le clash serait survenu lors de la première réunion tenue entre les deux missionnaires puisque depuis, ils ne collaborent plus au plan politique.
En fait, le Premier ministre n’aurait pas apprécié l’attitude de sa ministre, ressortissante de la vallée et originaire du Gorgol qui penserait maîtriser sa région persuadée que « sans elle, rien ne peut se passer dans la zone cible ».
Finalement exaspéré par l’attitude de sa ministre - qui agit très souvent directement auprès du président de la République sans passer par la Primature - le Premier ministre aurait décidé de « faire sans elle ». Occasion pour lui de la « remettre à sa place, un ministre qui « dérange ».
C’est ainsi que Ould Hademine se serait lié d’amitié avec son ministre, Dia Moctar Malal ressortissant lui aussi de la vallée, qui plus, est rival de sa compatriote Ba Coumba. Percevant dans cette nouvelle donne une bonne occasion de suppléer à sa rivale politique, ce dernier ne se fit pas prier.
Lors de la dernière réunion politique à laquelle les trois leaders ont pris part, Coumba Ba aurait été mise à l’écart, notamment quand il s’est agi de discuter de la campagne de sensibilisation portant sur la région du Gorgol. Pire, elle ne sera même pas informée dans la réunion qui suivra et encore moins de la visite que le Premier ministre comptait organiser dans le Gorgol.
En réaction, la ministre tiendra des réunions politiques auprès de sa base, évitant d’évoquer la tournée du Premier ministre dans sa région. Depuis, les deux acteurs s’évitent, au grand dam du président de la République, qui prend du temps à réagir.
Bataille sans issue
S’il y a un acteur mal à l’aise dans ce conflit, c’est bien le président de la République. Autant, il est solidaire, attaché et proche de son Premier ministre à qui il donne carte blanche, autant, il respecte et considère sa ministre Coumba Bâ dont il ne pourrait même pas envisager de se départir, selon nombre d’observateurs.
Forte d’une solide amitié avec le président de la République au temps où celui-ci dirigeait encore le Basep, Coumba Ba a tellement su cultiver ses rapports avec Ould Abdel Aziz qu’elle est parvenue à décrocher son entière confiance et se faire « choisir » comme l’unique agent des « missions difficiles ».
Après que son nom ait largement circulé en même temps que celui de Ould abdel Aziz, dans l’affaire « Ghana gate » du nom d’une opération de transfert de fonds illicite, la ministre est souvent dépêchée dans la sous région ouest africaine pour des missions secrètes. Récemment projetée au Département de la Fonction publique, c’est sur elle que compte le président Ould Abdel Aziz pour clôturer définitivement le dossier du « passif humanitaire et des réfugiés mauritaniens ».
Il y a quelques jours, son champ d’action s’est élargi quand elle s’est vue confiée la mission de discuter auprès des autorités saoudiennes des modalités de règlement des problèmes nés du conflit saoudo- qatari portant sur le renvoi de ressortissants mauritanien du Qatar. Pour autant, Ould Hademine n’est pas homme à se laisser faire.
D’une forte personnalité, le Premier ministre a pris est depuis quelque temps, l’homme fort du pouvoir, si ce n’est du pays. Ami personnel de Ould Ghazouany le chef d’état major général des forces armées nationales, l’homme est particulièrement bien apprécié du président de la République.
Ayant éliminé tous ses adversaires politiques dont le dernier n’est autre que son prédécesseur, le puissant Ould Laghdaf, le Premier ministre a les coudées franches et décide depuis, de tout, dans le pays.
Parviendra-t-il à mettre K-O sa ministre Coumba Ba ? Ou plutôt, est-ce le début de sa fin avec la consécration de cette dernière ? Ce qui est sûr, c’est que le clivage entre les deux leaders est arrivé à un point de non retour et le président de la République sera bien amené à se décider à terme. Ne serait-ce que pour sauver son référendum ou plutôt, ce pouvoir auquel il tient par dessus de tout.
JOB (L'Authentique-mauritanie)