Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a commencé aujourd’hui à convoquer les sénateurs dans le cadre de la ‘’campagne du bâton et de la carotte’’ qu’il entreprend vis-à-vis des parlementaires pour faire passer les amendements constitutionnels puérils qu’il s’entête imposer contre la volonté de l’écrasante majorité du peuple, dans un contexte politique marqué par une crise politique profonde. Ces rencontres viennent après les pressions et les menaces proférées par le Président du parti du pouvoir à l’encontre des députés, et après la tentative inconvenante d’influer sur les positions des parlementairespar l’octroi de parcelles sans grande valeur. La convocation des sénateurs de manière individuelle et non par groupes démontre qu’il ne s’agit pas pourOuld Abdel Aziz de discuter de questions d’intérêt général mais plutôt de traiter de questions privées et d’exercer des pressions ou miroiter des promesses à l’égard de ceux qu’il reçoit.
Cette démarche répréhensible dénote d’un grand mépris vis-à-vis des députés et des sénateurs. Elle constitue une entorse grave au principe de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif et une tentative inacceptable de soumettre ce dernier à la volonté et aux désirs du gouvernant. Surtout que les traditions démocratiques des pays à régime semi-présidentiel comme le nôtre font que le Président de la République doit s’abstenir des contacts avec les deux chambres durant les sessions parlementaires.
Plus grave encore, cette démarche est en flagrante contradiction avec l’esprit et la lettre de la Constitution dont l’article 27 stipule expressément que ‘’le mandat de Président de la République est incompatible avec l’appartenance aux instances dirigeantes d’un parti politique’’ et ce afin de préserver la plus haute fonction de l’Etat de s’abaisser au niveau des querelles et des manœuvres partisanes, pour que l’aura et le pouvoir de la Présidence de la république ne soient pas utilisés au profit d’un parti ou d’un groupes contre les autres partenaires politiques, et pour que le Chef de l’Etat demeure un arbitre et un gardien de la Constitution qui garantit l’égalité entre toutes les composantes du spectre politique national.
Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité :
Condamne vigoureusement l’usage qui est fait du crédit et du pouvoir que confère la fonction de Président de la République contre tous ceux qui ne se plient pas aux désirs du pouvoir en place, en violation flagrante de l’esprit et de la lettre de la Constitution.
Condamne vigoureusement la violation du principe sacré de la séparation des pouvoirs et les tentatives de soumettre le pouvoir judiciaire au diktat d’un pouvoir exécutif qui prend en otage l’Etat, son pouvoir et ses moyens pour les mettre au service de son agenda unilatéral.
Appelle les parlementaires mauritaniens à refuser des amendements qui rétrécissent la base de la représentativité populaire par la suppression d’une chambre du parlement sans raison valable, qui mutilent le drapeau national, qui divisent davantage le peuple et aiguisent la crise politique au moment où les mauritaniens doivent s’orienter vers plus d’unité et de concorde pour préparer, de manière consensuelle, les échéances décisives à venir.
Nouakchott, le 6 Mars 2017
La Commission de Communication