-La montée de l’Islamisme radical, autre défi …
Depuis l’avènement du régime actuel on observe dans les médias des discours à tonalité religieuse de caractère violent , intolérant ; dans les mosquées qui poussent tous les cent (100) mètres on entend des prêches faisant le lit du salafisme . Des associations ‘’d’amis du Prophète’’ surgissent , des marches appelant à l’exécution de ould Mkheitir- le bloggueur- se multiplient , des menaces ouvertes de l’assassiner sont proférées , proférées également à l’endroit de son avocat … Le port du niqab se répand à toute vitesse dans un territoire devenu un refuge pour les éléments du Mujao , Ansardine et consort . Une sorte de terrorisme intellectuel de ces islamistes s’installe, les penseurs libres sont harcelés , pris de peur . En exemple, mint el Moctar et plus récemment l’activiste mint Brahim sont attaquées ouvertement , tout cela au su et au vu des pouvoirs publics qui laissent faire …Tout comme ces intellectuels qui observent sans rien dire et qui finiront sùrement par s’y brûler pourtant !
En fait la lutte contre le terrorisme est plus proche du faire-semblant que de la réalité . Si en surface ce régime déclare lutter contre le terrorisme , dans les faits il semble plutôt flirter avec ceux qui le nourrissent ....
- Le 3e mandat - autre point explosif -
Le Président Abdel Aziz malgré ses déclarations publiques ne donne pas l’impression d’avoir totalement renoncé à briguer le 3e mandat . Il avait procédé par ballons d’essai , puis tenté d’y pousser à travers le dialogue national de septembre 2017 dont les résolutions essentielles ont été dévoyées , entre autres l’officialisation des langues nationales - point de consensus avéré -. Il chercherait actuellement à négocier ce 3emandat par l’achat de consciences de certains élus et de quelques leaders de partis politiques . Or le 3e mandat constitue pour l’opposition arabo-berbère une ligne rouge à ne pas franchir. Ce serait donc, après la question négro–africaine, le point de rupture dominant, la source potentielle de turbulences et d’instabilité certaine …
- Diplomatie ambigüe, tâtonnante …
Une diplomatie ambivalente, suffisante et pleine de maladresses , qui se veut participative aux missions de maintien de la paix ( Centrafique , Côte d’Ivoire ) mais entretient un climat de suspicion et de tension avec ses voisins immédiats . Avec le Mali il y a un déficit de confiance –à juste raison ; déficit de confiance également avec le Maroc , tension larvée permanente avec le Sénégal, sciemment entretenue, problème de leadership avec l’Algérie que traduit une relation du ‘’ je t’aime moi non plus’’ …
-Obstacles à l’érection d’un Etat de droit
Ce régime ne respecte pas les libertés fondamentales. Le Président Ould Abdel Aziz n’arrive pas à se départir des réflexes du général qui éprouve un mépris souverain pour le Droit et la loi qu’il tourne en dérision. Avec une posture du genre ‘’la loi c’est moi et seulement moi’’ , il ne peut émerger un Etat de droit’’!Les généraux et les libertés font rarement bon ménage, c’est connu . Chaque jour nous assistons à une restriction croissante des libertés. Les libertés d’association , de manifestation et même de réunion dans des hôtels et domiciles privés sont empêchées ; une des premières victimes a été le parti FPC . Les récentes lois sur la cyber-criminalité s’inscrivent dans ce sillage . Des associations monoethniques de tir à la cible - milices déguisées- prolifèrent sous la bénédiction du pouvoir …Des opposants sont embastillés sans raison objective, comme les militants de l’IRA, dernièrement . Pour jouir de ces droits - pourtant garantis par la constitution- il faut faire allégeance au régime, tout comme pour être reconnu officiellement en tant que parti politique.
Mon parti politique- les Fpc - paie pour son indépendance. Après 23 ans d’exil , nous avons décidé de renoncer à la lutte illégale pour inscrire notre action dans la légalité, et dans le jeu démocratique ; voilà qu’on nous empêche de nous exprimer… Nous avons rempli toutes les conditions légales pour obtenir un récépissé de reconnaissance légale, voilà qu’on nous le refuse . Des pressions sont exercées sur des Associations reconnues et des médias privés pour nous empêcher de nous exprimer sur leurs plateaux.
-Perspectives anticipees (rencontres de groupes / commissions /ateliers /séminaires /colloques)
Dans les rencontres où vous serez invités, à titre d’hôtes, vous entendrez de la bouche de vos interlocuteurs que tout va bien dans notre pays. Que l’enrôlement des populations se déroule sans accroc, que la diversité culturelle est reconnue , respectée et observable… tant qu’on voit Négro-africains et haratines danser et chanter …comme des troubadours pendant nos festivals et cérémonials .
On vous dira que la torture est bannie, que la corruption est combattue avec force tout comme l’esclavage à travers structures et tribunaux, nouvellement créés…Qu’i y a des marches, des carnavals organisés en guise de célébration de la lutte contre la corruption. Ne vous y fiez pas ! Tout cela n’est qu’un écran de fumée, destiné à abuser les visiteurs et partenaires mauritaniens . Rien de sérieux, on fait semblant, comme toujours... La réalité est que la corruption gangrène l’administration, la Justice, l’ état civil , les contrôles aux frontières ou se produit un véritable racquet ; bref elle infeste tous les secteurs publics…On ne prend aucune mesure élémentaires adéquates sérieuse pour lutter contre le fléau, telle la déclaration de revenu pour les hauts responsables, telle la liberté et l’indépendance réelle de l’Inspection Générale d’Etat ( IGE), la mise en place de commissions secrètes chargées du contrôle et du suivi. Dans les opérations de contrôle menées jusqu’ici, les amis du Président sont épargnés , les opposants au régime ciblés et épinglés. On emprisonne ceux-ci , mais on libère ceux-là pourtant coupables avérés . Les mauritaniens et surtout nos gouvernants excellent dans l’art du faire- semblant et de la mystification de l’opinion extérieure .
Enfin , vous verrez , à travers groupes d’individus , ateliers , séminaires, colloques , invariablement , la même ’image, celle d’une Mauritanie ‘’blanche’’ qu’on veut faire naître au forceps; comme si les autres composantes nationales – perçues comme des appendices - n’avaient pas été à l’école... Vous verrez aussi une ombre entrer vous servir le the, puis sortir comme elle était venue , toujours la même… ou l’autre facette cachée et atténuée de la réalité de l’esclavage .
Dernier défi, peut- être pas tant explosif que ça, mais non moins destructeur : le désordre général - ce désordre fou, partout présent .- dans lequel ne peut se construire ni progrès ni développement . Sans l’Ordre il n’y a pas d’Etat tout court …
Tel est le visage de notre ‘’ bonne Gouvernance’’ et de notre république…
JOYEUX SEJOUR CHEZ NOUS .
Nouakchott 20-02-2017
Samba Thiam ( President des FPC)