Dans un pays miné par la corruption (142ème mondial selon le dernier rapport de transparency international), par le népotisme et par la culture de la personnalité, le démarrage lundi des travaux d'une retraite de réflexion sur la Gouvernance en Mauritanie organisée en collaboration entre le gouvernement mauritanien et la Banque Mondiale, résonne comme un aveu cinglant de la démesure de la gestion actuelle des deniers publics.
La présence du premier Ministre, Yahya Ould Hademine, censé rehausser cette rencontre et lui donner un cachet «sérieux» laisse, toute de même, les observateurs nationaux assez dubitatifs sur l’avenir de la bonne gouvernance dans le pays.
L’inefficacité du contrôle des finances et les deux poids deux mesures observés dans la gestion des affaires scabreuses des finances publiques confortent la suspicion que les gouvernants ne s’en tiennent qu’à leurs têtes…ou à leurs bourses.
Plusieurs affaires et scandales sont répertoriés dans la gestion des marchés publics dont certains ont bénéficié à des entreprises ou des hommes du sérail sans que cela ne donne matière à redire. Des contrats inédits ont été scellés par l’Etat avec des entreprises, sans aucune garantie, quand ce n’est pas l’Etat lui-même qui finance leurs projets en souffrance. Et cela n’est évidemment pas le fruit du hasard puisque ces entreprises et ces hommes de l’Etat profond bénéficient de la grâce des gouvernants.
Inutile donc de parler de stratégie dans un pays où l’accès au marché public dépend encore de la proximité politique des prétendants. C’est ici la seule garantie qui vaille.Qui en profite? La réponse est toute simple: le pouvoir sa constellation politique et militaire. Ceux qui tiennent les brides et le Gouvernail du pays pour leur propre intérêt. Ni plus.
Il ne faut donc pas s’étonner de voir que dans notre pays les investissements directs étrangers (IDE) fondent comme glace au soleil du fait d’une gestion anarchique des affaires publiques, avec de surcroit un appareil judiciaire incompétent et à la solde du Gouvernant. Comment donc espérer des changements dans cette perspective et promouvoir l’initiative privée si chère à la Banque Mondiale comme moteur de la croissance.
L’état de délabrement de la santé et plus grave encore du système éducatif, devenu symbole, d’une Mauritanie profondément divisée où l’école publique faute d’être réhabilitée ressemble de plus en plus à des ghettos où ne viennent les enfants des couches haratine déshéritées, est l’exemple éloquent d’un échec cuisant des politiques publiques. Pas l’once de la moindre qualité de l’enseignement si jamais l’on peut dire qu’il y est prodigué.
Dans la réalité- la triste réalité- le gouvernement n’accorde aucune espèce d’importance à ces secteurs sociaux vitaux pour le devenir du pays et se contente de gérer au jour le jour un pays en attendant…le messie !
Si l'on ajoutait à cette déconfiture économique source de plusieurs plans sociaux des entreprises publiques, la crise politique qui prévaut dans le pays, on se rend à contre-coeur que notre pays fait toujours un pas en avant avant d'en faire deux en arrière.