Depuis sa création en 2001, où il était seul sur le marché, jusqu’en 2010, le groupe Mattel est resté le premier opérateur Telecom en Mauritanie. Or aujourd’hui il est bon dernier. Si un quatrième opérateur arrivait sur le marché Mauritanien, il dépasserait surement Mattel qui resterait le dernier de la classe.
Comment en est on arrivé à une telle situation? Pourquoi l’actionnaire de référence, « Tunisie Télécom », a laissé couler sa filiale mauritanienne? La situation de Mattel est tellement préoccupante qu’un conseil d’administration se réunit demain, le mardi 17 janvier, pour envisager une augmentation de capital. Or chez les deux concurrents de Mattel, Mauritel et Chinguitel, qui ont pourtant été créés postérieurement, les directions distribuent des dividendes régulièrement sans solliciter de nouvelles mises de fonds.
Est-ce la réglementation locale qui explique la situation désastreuse de Mattel, incapable de distribuer des dividendes comme le fait son concurrent Mauritel? Est ce le traitement que l’Etat mauritanien a réservé à l’actionnariat du pionnier mauritanien de la téléphonie? Ou la mauvaise gestion opérationnelle du groupe impulsée par l’actionnaire majoritaire Tunisie télécom?
La réglementation locale. L’ARE, qui réglemente le marché des Télécoms en Mauritanie, applique les normes internationales définies avec l’aide de la Banque mondiale. Mattel n »a pas été pénalisé sur le plan règlementaire, à l’exception du renouvellement de sa licence jugée excessivement cher. Mais la gourmandise des autorités a tout autant pénalisé les deux autres opérateurs, qu’il s’agisse de Chinguitel lors de son introduction sur le marché mauritanien et Mauritel, lors de du renouvellement de sa licence de 2015. Une certaine égalité de traitement a été respectée.
Le rôle de l’Etat. Mattel a été traité comme tous les opérateurs télécoms par les différentes entités de l’état mauritanien (finances, tutelle, emploi, douane, sécurité…). Ces dix dernières années, Mattel a eu à subir les mêmes mesures que ses concurrents: contrôles fiscaux, suspension des permis de travail des étrangers…
La gestion opérationnelle. Le mode de gouvernance adopté par l’actionnaire technique du groupe, « Tunisie Telecom », apparait comme la cause de la plupart des malheurs de Mattel. Gérer un opérateur Telecom ne s’improvise pas. « Seules une vision stratégique et une maitrise du métier permettent de faire tourner le groupe, de le rentabiliser, et d’en faire une entreprise moderne de télécoms tirant l’économie du pays vers le haut », explique un opérateur français des télécoms. Or Mattel assiste à l’effondrement de son chiffre d’affaires et à la fuite de ses clients au moment où le chiffre d’affaires du secteur explose. Le management de Mattel n’est arrivé à réaliser aucune de ses prévisions budgétaires de résultats d’exploitation et de résultats nets, alors que les mêmes dépensent sans compter jusqu’au dernier sou du budget prévisionnel.
Apparemment la direction de Tunisie Télécom ne leur en tient pas grief. Ainsi l’ancien directeur général de Mattel, Mohamed Ali Sahli, qui a largement contribué à couler son entreprise, a connu, depuis, une brillante carrière au sein d’une autre filiale de Tunisie télécom.
L’histoire de Mattel mérite d’être enseignée dans les écoles de commerce, car elle illustre parfaitement comment l’incompétence et la gabegie parviennent à mettre au pilon un des joyaux de l’économie d’un pays.
Mondafrique.com