Les fins d’années étant par nature synonymes de bilan, celui du régime de Mohamed Abdel Aziz aurait laissé, aux yeux d’une partie de l’opposition mauritanienne, un lourd passif fait de pillage systématique des ressources, sur fond de crise politique savamment entretenue.
Conférences de presse, marches populaires, interviews, communiqués… L’année 2016 durant, l’opposition radicale au régime de Mohamed Abdel Aziz a pratiquement épuisé tous les canaux de la communication pour charger l’actuel pouvoir, en l’attaquant sur tous les fronts, notamment sur celui de sa gestion des deniers publics qualifiée de « catastrophique », mais aussi et surtout, sur la politique globale qu’il a adoptée pour mener le pays dans l’impasse où il se trouve aujourd’hui.
Et pour boucler la boucle, les leaders de l’opposition ont profité de la dernière semaine de l’an finissant, afin de porter leur dernier coup au régime. C’est ainsi que dans une interview accordée au « Calame », Me Mahfoudh Ould Bettah,président du parti Convergence Démocratique National (CDN) est revenu sur les résultats du dernier dialogue d’octobre 2016 boycotté par son parti et le Front national pour le développement et l’unité (FNDU) qui regroupe plus d’une quinzaine de formations de l’opposition dont la sienne.
Il a appelé au boycott actif du référendum envisagé pour la suppression du Sénat, le changement du drapeau et de l’hymne national. Il semble d’ailleurs peu sûr de la tenue d’un tel référendum, soulignant que l’opposition qui avait boycotté ce dialogue espère que le pouvoir se ressaisira pour engager de véritables consultations nationales avec l’ensemble des forces en présence.
C’est dans ce cadre qu’il a rejeté la participation potentielle du FNDU dans toute consultation électorale qui pourra être organisée si les préalables à ce consensus national ne seront pas satisfaites.
De son côté, l’ancien Chef d’Etat de la transition, Ely Mohamed Vall a également fustigé le président Mohamed Abdel Aziz, « l’homme qui n’aime parler qu’à lui-même » comme il le dépeint. Il ne lui pardonne pas son coup d’État de 2008, alors qu’un processus démocratique sain venait d’être, selon lui, lancé avec l’élection deSidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi en 2007.
Il lui reproche d’avoir sabordé une économie qui se trouvait dans une position idéale et qu’il a noyé sous un endettement de l’ordre de 93% du PIB, citant la détérioration des sociétés publiques, la faillite programmée de l’Etat, le pillage des milliards tirés des minerais de fer de la SNIM, le financement d’affaires douteuses, le délabrement du secteur des pêches et la fuite des investissements étrangers et nationaux, sans compter la menace sur l’unité nationale.
Selon lui, le dialogue politique organisé en octobre 2016 n’a été qu’un monologue animé par « quelques petites formations d’oppositions instrumentalisés » en l’absence de la vraie opposition qui a refusé de se prêter à la mascarade.
Le président de Tewassoul Gemil Mansour n’est pas allé quant à lui par le dos de la cuillère quand il évoquait le résultat des deux premières années du mandat deOuld Abdel Aziz qu’il a qualifié de « catastrophique ». Ahmed Ould Daddah lui, dans sa dernière sortie, s’est particulièrement intéressé à la situation « chaotique »,selon lui du pays, « une situation marquée par la gabegie, le pillage à ciel ouvert des ressources nationales et la corruption.
A.S (L'Authentique)