Voilà deux semaines qu’il a commencé, notre dialogue national « inclusif ». Deux semaines de palabres, de discussions stériles et, parfois, d’invectives, entre une fournée de partis, dont à peine quatre ou cinq existent réellement, des syndicats, des ONG et une coalition de formations se réclamant de l’opposition.
Deux semaines au cours desquelles on aura discuté de tout et de rien. Du changement de l’hymne national à l’ajout de deux bandes rouges au drapeau national, en passant par la suppression du Sénat, du Haut conseil islamique et autres institutions tout aussi inutiles que coûteuses.
Des quatre ateliers, celui consacré aux réformes constitutionnelles fut, sans conteste, le plus couru. L’UPR, le parti/Etat, voix de son maître, s’il en est, y a sorti la grosse artillerie, en proposant des amendements à la pelle, carrément une Constitution-bis où, bizarrement, les articles relatifs à la limitation des mandats se sont volatilisés.
Sentant le coup fourré, l’opposition participante a essayé de rattraper le coup, pour se donner bonne conscience. L’APP de Messaoud a suspendu sa participation aux ateliers et El Wiam, par la voix de son président, a réaffirmé son refus de tout déverrouillage des articles limitant les mandats.
Ils ont peut-être oublié, ces braves gens, qu’ils n’ont été cooptés que pour faire de la figuration, mettant le doigt dans un engrenage dont cette « conférence tam-tam » n’est que la partie visible. Ils se trompent aussi, s’ils croient, un instant, que leurs états d’âme feront fléchir un putschiste invétéré qui, malgré ses déclarations mielleuses, n’aveugle plus personne.
Qu’il répète, à l’envi, qu’il ne se représentera pas en 2019, qu’il crie, à tue-tête, qu’il respectera la Constitution, tout le monde est persuadé qu’il ne lâchera pas le pouvoir de son plein gré. Mais il ne sait, toujours pas, comment trouver la bonne formule pour s’y maintenir sans casse.
Il a tout fait pour convaincre le RFD et le FNDU d’avaler de nouvelles couleuvres, après « l’énaurme » de Dakar, accord pourtant signé devant la Communauté internationale et qu’il fut le premier à dénoncer.
Il a envoyé émissaire après émissaire, à Ahmed Ould Daddah, pour le faire fléchir, avec, à la clé, la promesse de satisfaire toutes ses exigences. Echaudé par les expériences passées, le président du RFD a juré qu’on ne l’y reprendrait plus.
A défaut de grives, notre guide, dont les batteries ne semblent plus guère en mesure, non seulement, d’aveugler, comme on l’a dit tantôt, mais, même, d’éclairer qui et quoi que ce soit, s’est donc contenté de Boydiel, Messaoud et Ould Moine, pour un bal dont le final tient en trois mots : bas les masques ! La réponse, lumineuse, elle, des vrais démocrates, ne devrait pas tarder : bas les pattes ! Qui en sera ? Certes, les paris semblent encore ouverts mais leurs guichets ne devraient pas tarder à fermer… Avis à la population !
Ahmed Ould Cheikh