En Mauritanie, l'Union pour la République multiplie vendredi 13 mai une vingtaine de réunions dans des sous-sections du parti à Nouakchott.
Objectif du parti au pouvoir : expliquer et vulgariser le discours tenu par le chef de l’Etat à Néma (sud-est du pays) le 3 mai dernier. Des membres de la communauté des Haratines, descendants d'esclaves noirs, se sont sentis visés par les propos présidentiels.
Certains passages du discours du chef de l'Etat à Néma font polémique, comme celui où le Mohamed Ould Abdel Aziz évoque des comportements de certains habitants qui font beaucoup d'enfants et ne parviennent pas à sortir de la pauvreté. Ces propos sont dénoncés notamment par les Haratines. Ces descendants d'esclaves se disent attaqués et victimes d'exclusion sociale.
►Certains Haratines demandent des excuses
« Nous avons demandé qu’il présente des excuses à la population. Ce propos n’est pas un propos que l’on doit adresser à une communauté », estime Babacar Messaoud.
Le président de SOS-Esclaves poursuit : « La pauvreté que nous vivons n’est pas due à la prolifération des enfants. Ce n’est pas le problème. La pauvreté est due à l’exclusion systématisée depuis des siècles liée à des événements et à des discriminations. »
►Une mauvaise interprétation du discours, selon l'UPR
De son côté, l'UPR dément. Pour le parti au pouvoir, la polémique est provoquée par une mauvaise interprétation du discours.
« J’étais devant lui à Néma, il n’a pas indexé une couche bien déterminée de la population. Ces propos concernent l’ensemble du peuple mauritanien que ce soit les Haratines, les Wolofs, les Soninkés, et cetera », réagit Fatimata Bass, la secrétaire exécutive du parti au pouvoir chargée de la société civile.
►Un rapport de l'ONU dénonce la situation des Haratines et Négro-Mauritaniens
Les Haratine se disent attaqués et victimes d'exclusion sociale, et un rapport des Nations-Unies vient confirmer cette situation. Philip Alston, rapporteur spécial sur l'Extrême pauvreté vient de terminer une visite de dix jours en Mauritanie. Il conclut que les Haratines et les Négro-Mauritaniens, qui représentent environ deux-tiers de la population, n'ont pas accès à de nombreux services de base.
« D'abord, les Haratines et les Négro-Mauritaniens sont quasiment absents de toutes les sphères de pouvoir et de décision. Ensuite, il y a aussi un problème au niveau de l'éducation : dans les régions du Nord où je suis allé, un tiers des enfants ne va pas à l'école. En plus, l'enseignement qui y est dispensé est de mauvaise qualité. Résultat : seulement 10 % des élèves continuent leur scolarité au collège, et la plupart échoue avant d'être diplômés. Enfin, il y a aussi des difficultés dans le domaine de la santé : dans la majorité des villages que j'ai visités, il n'y avait presque aucune offre de soins. Certaines fois, il y avait bien des centres de santé, mais ils étaient fermés, parce que le gouvernement n'avait pas mis d'infirmier à disposition », affirme Philip Alston.
Réaction des autorités mauritaniennes : le Commissariat aux droits de l'homme et à l'action humanitaire dénonce un rapport partial et met en cause la validité des statistiques de l'ONU. Selon cette instance, tous les citoyens mauritaniens, sans aucune distinction, participent au développement du pays.
RFI via cridem