Les opérateurs du BTP se rebiffent contre la société ISKANE | Mauriweb

Les opérateurs du BTP se rebiffent contre la société ISKANE

lun, 04/04/2016 - 13:01

Les retards de plusieurs mois enregistrés dans la pré- réception de plusieurs infrastructures scolaires àNouakchott et à l’intérieur du pays, par la société ISKANE ont irrité les opérateurs du BTP, qui ont décidé d’arrêter les chantiers jusqu’au règlement des arriérés.

Selon les responsables de plusieurs entités chargées de la réalisation des projets de bâtiments et de travaux publics, plusieurs milliards de créances détenues sur les maîtres d’ouvrage étatiques ne sont pas recouvrées depuis plusieurs mois.

Ce sont notamment des structures comme ISKANE, l’ENER ou ATTM ou des directions sectorielles au profit desquels des projets ont été réalisés qui n’arrivent plus à honorer leurs engagements faute de disponibilité en budgets.

Contacté par rimeco.info, ces chefs d’entreprise souhaitent attirer l’attention des pouvoirs publics sur la santé financière de leurs entreprises. Car, affirment-ils, «si les opérateurs ne sont pas payés à temps, ils ne peuvent pas assurer les salaires des ouvriers, ni régler les fournisseurs en matériaux de construction. » 

D’ores et déjà, les ouvriers engagés sur les chantiers de réalisation accusent des retards dans la perception de leurs salaires. Cependant, les services des impôts « nous pressent pour le règlement de nos dus, refusant la négociation d’échéanciers de paiement que nous avons sollicités, que ce soit auprès de l’administration fiscale ou les caisses de sécurité sociale », regrette un entrepreneur avouant que si la situation actuelle perdure, « je ne vais pas tarder à mettre la clé sous le paillasson comme cela est arrivé depuis quelques mois à des dizaines d’entreprises du BTP. »

Les mêmes opérateurs se plaignent également de la concurrence déloyale de la société ATTM et de l’ENER, qui a fait l’objet de plusieurs opérations de restructuration et de reconfiguration à ce jour, mais sans grand résultat. En effet, ces structures publiques obtiennent des marchés de gré à gré qu’elles finissent par sous traiter à d’autres entreprises qui accusent de sérieux retards dans l’exécution des chantiers. 

Pourtant les différents ministres des Travaux publics qui se sont succédés n'ont jamais jugé utile de mettre en demeure les entreprises qui ont raflé les chantiers ( route Atar-Tijikja, Kiffa-Kankossa, route Guidimagha-Gorgol, assainissement des eaux usées port Tanit , le canal de Keurmeceine, et la liste n’est pas exhaustive.) ne serait-ce que pour les sommer de presser la cadence des travaux! Ces retards dans l’exécution des chantiers constituent les prototypes de marchés ou l’enfumage, les avantages et les pourcentages sont distribués à tous les étages. 

Cette conjoncture difficile, ne fait en tout cas qu’aggraver la situation de ces entreprises déjà confrontées à la hausse spectaculaire des prix des matériaux de construction. Les décideurs politiques n’ont pas mis en place un système de suivi efficace permettant de trouver des solutions aux retards d’exécution des projets. Voilà, le syndrome de l’économie nationale qui à chaque fois que ses ressources financières augmentent on assiste à l’émergence de l’économie de bazar, du marché noir, corruption et à l’augmentation des inégalités malgré l’amélioration de certains indicateurs sociaux (en termes notamment des objectifs millénaire pour le développement, OMD). 

Il est vrai que des infrastructures de base ont été réalisés, mais à quel coût ? L’entretien de ces dernières nécessitera encore des dépenses publiques qui ne seront pas compensées par la fiscalité ordinaire du fait de la faiblesse de la diversification de l’économie productive. L’austérité ne peut en constituer une solution, car elle ne provoquera qu’un cercle vicieux (inflation, chômage). 

Fall Mohamed 

RIMECO via cridem