La crise de liquidité devient de plus en plus prégnante même auprès des plus importantes institutions bancaires du pays. La situation est telle que certaines agences n’acceptent plus de retrait de plus de 500 mille ouguiyas pour les clients non domiciliés à leur niveau.
Pour les gros montants, il faudrait des jours pour effectuer des retraits, et souvent, par petites fractions. Cette situation s’expliquerait par une très forte thésaurisation. Certaines sources parlent de plus de 70% de la masse monétaire nationale hors circuit financier.
La grosse clientèle ne semble plus faire confiance aux banques et craint à tout moment une crise économique de grande ampleur. Les rumeurs qui courent sur l’éventuelle dévaluation de l’ouguiya ne semblent pas davantage rassurer un marché financier de plus en plus frileux.
Aussi, de véritables fortunes sont entassées dans des coffres privés et n’alimentent plus le marché monétaire. Autre fait aggravant, la fuite des capitaux qui aurait poussé plusieurs acteurs économiques nationaux à transférer leurs affaires ailleurs, dans des pays jugés plus attrayants et plus sûrs.
La pression fiscale de plus en plus forte en Mauritanie, ajoutée aux politiques de restrictions budgétaires imposées aux structures publiques auraient profondément affaibli le secteur des services.
L’Etat ne commanderait plus ou commanderait très peu, fait-on remarquer. Ainsi, un système cloîtré se serait installé avec des ordonnateurs de budget qui se seraient crée leur propre agence de fourniture de services, par le truchement d’une parenté proche.
Ce système qui fait que l’argent public ne sort que pour revenir vers le principal responsable a ainsi brisé la chaîne de distribution qui arrosait un large éventail de bénéficiaires. Beaucoup de boîtes privées, des agences de location, des papeteries, des bureaux d’études auraient ainsi mis la clé sous le paillasson face à une telle concurrence déloyale.
Mais d’autres expliquent cette crise par une faible bancarisation déjà latente enMauritanie et que la crise internationale a exacerbée. Ce serait surtout la lutte contre le blanchiment d’argent et l’argent sale de la drogue, de plus en plus menée par l’Etat mauritanien sous la pression de ses partenaires, qui expliquerait en grande partie la fin de l’eldorado si caractéristique de l’ère Taya.
« Cette situation de manque d’argent prouve en grande partie que les Mauritaniens produisent en réalité peu, et que la plupart du flot d’argent que nous avions connu était dû à de l’argent sale » explique un vieux fournisseur. « Maintenant que nous sommes revenus à la normale, c’est-à-dire, à l’économie réelle, la réalité éclate au grand jour » a-t-il ajouté.
JOB (L'Authentique)