Depuis le début des poursuites judiciaires engagées contre lui, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a maintenu une présence notable sur la scène politique et médiatique mauritanienne. Son récent retour avec l'annonce de sa candidature aux prochaines élections suscite des interrogations. Est-ce une tentative sincère de réintégrer la vie politique, ou simplement une stratégie de communication similaire à ses précédentes actions, telles que ses randonnées épiques pour signer à la police pendant son contrôle judiciaire ?
Le retour de Mohamed Ould Abdel Aziz dans le paysage politique n'a pas été anodin. Après avoir quitté la présidence en 2019, il a fait l'objet de multiples enquêtes pour corruption et détournement de fonds publics. Pendant cette période, il a dû se présenter régulièrement à la police, souvent en marchant à travers les rues, accompagné de quelques sympathisants, attirant l'attention des médias à chaque déplacement. Ces apparitions fréquentes, loin d'être de simples obligations judiciaires, semblaient plutôt calculées pour maintenir sa visibilité et se rappeler au souvenir du public.
Autorisé à partir en France pour des raisons médicales après un malaise en détention, il avait multiplié les sortie médiatiques et les réunions politiques.
Le contrôle judiciaire imposé à Mohamed Ould Abdel Aziz a été perçu par ses partisans comme une persécution politique. En se présentant volontairement et de manière ostentatoire aux convocations policières, il a su transformer ses contraintes en un spectacle médiatique. Cette stratégie de victimisation a renforcé l'idée qu'il était un homme persécuté pour des raisons politiques plutôt que judiciaires, consolidant ainsi sa prétendue image de leader charismatique et courageux face à l'adversité. La récente annonce de sa candidature semble s'inscrire dans la même logique.
Ould Abdel Aziz et ses partisans savent pertinemment qu’il a trois gros empêchements; L’article 28 de la Constitution qui stipule que le Président est rééligible une seule fois, ensuite il est condamné à la prison et surtout il n’a pas pu réunir les parrainages nécessaires. Plutôt que de représenter une volonté authentique de revenir au pouvoir, cette démarche pourrait bien être un moyen de détourner l'attention des accusations de concussion qui pèsent sur lui. En se lançant dans la course électorale, Mohamed Ould Abdel Aziz espère probablement rallier ses partisans, provoquer ses adversaires politiques et attirer l'attention des médias, redéfinissant ainsi le narratif autour de sa personne.
L'histoire politique récente de Mohamed Ould Abdel Aziz est jalonnée de manœuvres et de stratégies de communication. Son rôle central lors du coup d'État de 2008, suivi de son élection controversée en 2009, avait déjà montré sa capacité à utiliser la scène politique à son avantage. Son récent retour en politique pourrait bien être une nouvelle illustration de cette capacité à manipuler les perceptions et à utiliser la politique comme un théâtre de marionnettes.
En somme, la candidature de Mohamed Ould Abdel Aziz semble moins être une véritable tentative de réintégration politique qu'un nouveau coup de communication soigneusement orchestré. À l'image de ses randonnées épiques pour signer à la police, cette candidature pourrait bien être un moyen de détourner l'attention des accusations très graves qui pèsent sur lui et dont pour certaines il a été condamné en première instance à cinq ans de prison fermes. Reste à voir si cette stratégie sera payante ou si elle révélera davantage les manœuvres politiques derrière la façade.