Le champ gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA), un projet d'envergure partagé entre le Sénégal et la Mauritanie, opéré par British Petroleum (BP), connaît un retard notable dans son développement. Cet écueil survient à un moment critique, juste après que le champ sénégalais Sangomar ait célébré une avancée majeure avec l'arrivée de son installation flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO).
La dernière mise à jour de BP, datée du 15 février, révèle l'arrivée de l'unité flottante de liquéfaction de gaz naturel (FLNG) nommée Gimi, destinée au projet GTA. Cependant, cette étape intervient avec un retard par rapport au calendrier prévisionnel, qui tablait sur une durée de 60 jours après la mise à l'eau en novembre 2023 pour l'arrivée du FLNG sur le site de production.
L'amarrage et la connexion de Gimi aux infrastructures sous-marines représentent les prochaines étapes décisives avant que le projet GTA puisse commencer la monétisation de près de 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) annuellement. La phase 1 du projet, prévoyant l'extraction de gaz des réservoirs situés à environ 120 km au large, est d'autant plus scrutée que le GNL produit sera crucial pour répondre à la demande énergétique régionale et internationale.
Malgré l'importance stratégique de GTA pour le développement énergétique du Sénégal et de la Mauritanie, le retard soulève des questions sur les capacités d'exécution et la gestion des délais du projet. Cette situation est d'autant plus scrutée que les enjeux environnementaux associés à l'exploitation des ressources naturelles sont au cœur des préoccupations, comme le souligne le rapport « Who is Financing Fossil Fuel Expansion in Africa? ». Cette étude, menée par un collectif d'ONG africaines et européennes, met en garde contre les risques environnementaux liés à l'expansion des énergies fossiles, tout en reconnaissant la possibilité d'une exploitation responsable.
Le projet GTA, mené conjointement avec Kosmos Energy, SMH, et la compagnie publique sénégalaise Petrosen, est donc à un tournant. Il doit non seulement surmonter les défis techniques et logistiques pour respecter son nouveau calendrier, mais également répondre aux exigences de développement durable et de protection de l'environnement marin.
L'attention est désormais tournée vers la finalisation des étapes d'amarrage et de connexion de l'installation Gimi, des jalons essentiels pour la viabilité à long terme du projet et pour le renforcement de la sécurité énergétique dans la région. Les mois à venir seront cruciaux pour évaluer si GTA peut rattraper son retard et réaliser son potentiel en tant que projet gazier phare en Afrique de l'Ouest.