Dans le procès qui tient en haleine les mauritaniens depuis plus de trois mois, l'ancien président mauritanien, Mohamed Abdel Aziz, comparait au banc des accusés pour répondre d’actes commis pendant son magistère. Ce procès, sans précédent dans l'histoire du pays, a mis en lumière de nombreux faits inquiétants et a soulevé des questions auxquelles jusqu’ici, l’intéressé n'a pas su répondre de manière convaincante.
L'un des faits les plus marquants concerne les travaux réalisés par ATTM sur une propriété d'Aziz située à 70 km de Nouakchott. Lorsqu'on lui a demandé des explications, l'ancien président a prétendu ne pas être au courant de ces travaux. Une telle affirmation soulève immédiatement des questions sur la crédibilité de sa défense. Comment est-il possible que des travaux d'une telle envergure aient été réalisés sans que le propriétaire des lieux en soit informé? Et comme pour se défausser il demande une enquête pour savoir qui a ordonné les travaux et qui en a bénéficié. La piscine est là, le château d’eau est là, les abreuvoirs pour les animaux sont là et on imagine mal le directeur de la fondation de la SNIM son ADG ou le directeurgénéral d’ATTM décider de leur propre chef d’effectuer des travaux dans une propriété du président gardée par le BASEP et facturant les travaux sur les chantiers du soixantième anniversaire de l’indépendance.
Cette réponse ne fut pas la seule à susciter le scepticisme. Lorsqu'il a été interrogé sur le recrutement de son beau-fils à la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), Aziz a d'abord nié en avoir parlé à qui que ce soit. En affirmant de manière péremptoire qu’aucun directeur n’oserait l’affirmer devant lui. Cependant, face au témoignage de OuldOudaa, ancien directeur de la SNIM, qui affirmait le contraire, Aziz a fini par admettre qu'il avait en effet discuté de cette question avec lui. Ce revirement soudain de position a non seulement sapé sa crédibilité, mais a également renforcé l'image d'un homme qui, en dépit de ses dénégations, semble avoir manipulé les institutions de son pays à son avantage personnel.
Sur la question des marchés obtenus par son fils à la SOMELEC ses réponses restent évasives essayant même de faire un amalgame avant de rejeter la responsabilité de la dérogation accordée à Joysolar pour avoir une avance de 30 % du marché pour se justifier l’ancien président affirme que de toutes les façons les lampadaires ont été fournis et montés. Mais l’ont-ils été tous et à quel prix ? Lorsqu’une société étrangère bénéficie d’autant de privilèges qui peut la contrôler ?
Concernant l’acquisition de ses enfants de terrains de l’école de police du stade olympique et du marché capital Ould Abdel Aziz affirme que ce sont des citoyens mauritaniens adultes et qu’ils ont le droit d’exercer des activités commerciales comme tout le monde. Seulement, il feint d’ignorer qu’ils n’ont pas le droit de se porter acquéreurs de biens de l’Etat, le conflit d’intérêt manifeste et évident.
A propos de l’éviction des partenaires de KALPATARU dans le marché de la ligne de haute tension Nouakchott- Nouadhibou, Ould Abdel Aziz a affirmé qu’il fait diminuer le prix de 35 millions de dollars en éliminant des intermédiaires mais en omettant de dire qu’ils ont été remplacés par sa propre famille.
Il est clair que le procès de l'ancien président Aziz a été marqué par des réponses insatisfaisantes et un manque de cohérence flagrant. Les faits présentés lors de ce procès montrent un leader qui, loin d'être ignorant des actions menées en son nom, semble avoir été au cœur d'un système de favoritisme et de corruption.
Le peuple mauritanien mérite des réponses claires et honnêtes, pas des déclarations qui s'effritent sous le poids de la preuve. Il mérite que justice soit faite. L'heure est venue pour l'ancien président de faire face aux conséquences de ses actes et de répondre de manière convaincante aux accusations portées contre lui.
C'est une situation déplorable qui met en lumière le besoin criant de réformes institutionnelles en Mauritanie, afin de garantir que les abus de pouvoir et la corruption ne restent pas impunis. La lutte contre la corruption doit être une priorité pour la Mauritanie et son peuple, car elle freine le développement économique et social du pays.
Mohamed Abdel Aziz, comme tout citoyen, a droit à un procès équitable. Cependant, la justice doit être rendue de manière transparente, et chaque accusation doit être soigneusement examinée. La vérité doit être dévoilée, pour que le peuple mauritanien puisse tourner la page de cette période sombre de son histoire.
Le procès de l'ancien président soulève également la question cruciale de l'impunité des dirigeants. Il est essentiel que les dirigeants soient tenus responsables de leurs actes, qu'ils soient en fonction ou non. L'immunité ne doit pas être un bouclier pour se protéger de la justice. Une telle démarche serait un pas important vers l'établissement d'un état de droit fort en Mauritanie.
Enfin, la justice n'est pas seulement une affaire de verdicts. Elle concerne également la reconstruction de la confiance du public dans ses institutions. La Mauritanie a besoin d'un processus transparent et équitable pour montrer que personne n'est au-dessus de la loi, et que même les plus hauts responsables du pays peuvent être tenus responsables de leurs actes. Ce n'est qu'ainsi que la Mauritanie pourra avancer vers un avenir plus juste et plus équitable.
La justice doit être rendue pour le peuple mauritanien, qui mérite des institutions fortes, transparentes et responsables.