
Il faut que le gouvernement mauritanien soit particulièrement embarrassé par le mouvement connu sous le Hashtag #ماني_شاري_كزوال pour que deux ministres, et pas des moindre, essayent avec maladresse, au cours de la traditionnelle conférence de presse d’après conseil d’en minimiser la portée et de justifier le maintien des prix à leur niveau actuel et ce malgré la baisse internationale. Le Ministre des Finances Moktar Ould Djay a été la risée des réseaux sociaux mauritaniens qui ne se sont pas privés de tourner en dérision ses déclarations en les épinglant et en les opposants surtout aux pièces de théâtre du célèbre comédien égyptien Adel Imam. En effet le fringant ministre des finances a essayé de comparer les prix du carburant en France et en Mauritanie tout comme il a justifié le maintien parce que des pays comme l’Arabie saoudite ont augmenté les leurs. Portons à la connaissance du fantasque ministre que le très sérieux globalpetrolprices.com a placé dans son classement, mis à jour à la date du 1er février 2016, la Mauritanie au 161ème rang sur 177 pays ayant le prix moyen de carburant le plus cher. Ce classement utilise les données pour les prix de diesel qui sont mises à jour avec les valeurs actuelles sur les taux de change et des prix du pétrole internationaux. Sur la base de ces estimations, le prix de diesel en Mauritanie est de 1.24 (U.S. Dollar). A titre de comparaison, le prix moyen de diesel dans le monde pour cette période est de 0.84 U.S. Dollar. Maigre consolation pour les mauritaniens, le seul pays africain que nous devançons est la Gambie de Yaya Jammeh. Pour la petite histoire les 5 pays qui arrivent en tête sont respectivement le Venezuela, l’Iran, l’Algérie, l’Arabie Saoudite et le Brunei et les plus mal classés c'est-à-dire les pays ou le diesel est le plus cher sont la Suisse (est-ce un hasard ?), la Gambie, la Suède, la Norvège et Israël.
Mais la question est toute autre ! Si nous sommes dans un Etat de Droit, il ne peut y avoir de ponction de prélèvement ou de recette sans un texte justificatif. Pourtant c’est bien à ça que nous assistons depuis quelques mois. En effet la structure des prix fixée par le décret 2006-030 du 28 avril 2006 détermine les éléments constitutifs suivants, des prix des hydrocarbures liquides.
Le taux de change (Libor) ; le prix cession en dollars américains par tonne métrique et qui est constitué de (le prix FOB MED Italy 2) ; le cout de transport (entre Lavera et Nouadhibou) ; l’assurance produit ; la rémunération du crédit et le différentiel.
Auxquels il faut ajouter les frais d’ouverture et de confirmation de la lettre de crédit ; la marge corrective en UM/TM (selon une formule mise à jour tous les trois mois pour tenir compte des fluctuations.) ; les droits et taxes de douanes fixées par la loi des finances de l’année en cours ;le cout de transfert des produits au niveau de la raffinerie ; frais financiers stocks de sécurité et la marge des détaillants distributeurs qui est de 5 Um par litre à Nouakchott.
Il apparait donc clairement que le gouvernement mauritanien prélève de manière indue de la poche de ses citoyens entre 7 et 8 milliards par mois.
Sur un autre plan rappelons qu’en 2008 la SOMELEC avait procédé à une augmentation drastique de ses tarifs (de 5% pour les catégories à faible consommation et de 21,26% pour les autres) justifiant «cette décision par la flambée des prix des hydrocarbures dans le monde. » Eh bien l’électricité ne profite pas qu’aux riches pourquoi ne procède-t-on pas à une révision à la baisse de ses factures ?
B.C