Mondafrique - L’ouverture du procès de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz devant la cour des crimes économiques en Mauritanie a suscité beaucoup d’intérêt de la part de l’opinion publique nationale et internationale.
Au plan local, c’est la première fois qu’un ancien chef de l’État comparait devant un tribunal pour des faits autres que politiques. Et, au plan international les procès des anciens chefs d’état en Afrique ont toujours suscité beaucoup d’attention de la part des médias qui s’intéressent au continent.
L’ampleur des biens gelés (plus de 50 milliards d’ouguiya)et l’épaisseur de la procédure (plus de 9000 pages) donnent la mesure de ce procès inédit.
Dès les premières heures une foule importante s’était présentée pour assister au procès qui bénéficiait d’un service de sécurité important. La cour a mis un point d’honneur à ne laisser aucune image des débats filtrer à l’extérieur par la mise en place de portiques de détection et par la fouille de tout le public et même des avocats.
L’autorité des magistrats
Le président de la Cour Oumar Ould Mohamed Lemine entouré de ses deux assesseurs dans leurs robes noires bordées de rouge (caractéristique des cours criminelles en Mauritanie) a pu asseoir son autorité dès l’entame des débats. En effet il confirmé les mandats d’arrêts qu’il avait édicté à l’encontre des accusés alors que leur avocats voulaient les voir comparaitre libres.
Et a imposé la discipline au sein des deux groupes d’avocats: les 29 qui défendent l’État mauritanien et la cinquantaine qui sont constitué pour la défense.
Dans un grand boubou blanc et en arborant un masque anti covid, l’ex président Aziz parlait abondamment avec ses avocats à grand renfort de gestes.Une grande cage avec des barreaux de fer à la droite de la cour a été réservée aux accusés qui pourront ainsi suivre les débats.
Après la bataille de procédure, le tribunal appela au prétoire tout à tour les douze accusés afin de leur signifier les accusations pour lesquelles ils comparaissent. Parmi ces accusations, la dilapidation des biens publics, le trafic d’influence, des pratiques commerciales incompatibles avec la fonction, la dissimulation de biens issus d’activités criminelles, l’enrichissement illicite, le blanchiment d’argent et l’entrave à la justice.
Au regard de ces accusations on peut dire que le tribunal se penchera sur les marchés de la Somelec (la compagnie d’électricité) l’attribution et la vente des terrains de la zone franche de Nouadhibou, le détournement des biens de la SNIM et les financements de la fondation Errahma.
Rappelons que c’est suite à une commission d’enquête parlementaire approuvée à l’unanimité par l’Assemblée nationale majorité et opposition que la procédure a été enclenchée.
Et tout au long de l’instruction qui a duré plus d’un an Ould Abdel Aziz appuyé par ses conseils a adopté la stratégie du refus de répondre aux questions ou de participer à des confrontations en s’abritant derrière l’article 93 qui selon eux, confère une immunité absolue au président de la République même agissant à titre privé.
Une chronique du journaliste mauritanien Moussa Sy