L’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz a tenté mercredi dernier de quitter le pays pour se rendre en France. Mais c’était sans compter avec les forces de l’ordre qui l’ont retenu à l’aéroport Oumtounsi de Nouakchott.
Cette tentative de voyage de l’ancien président, principal accusé dans la vaste enquête menée par les Autorités judiciaires sur les malversations et la prévarication qui ont caractérisé la décennie de son Pouvoir, est interprétée par certains, comme une tentative de fuite avant l’ouverture imminente de son Procès. En effet, quelques heures auparavant, la Direction de Police chargée des crimes financiers et économiques, avait entamé le processus de convocation des accusés audit procès.
Il y a une semaine, l’ex-chef d’Etat avait été empêché par les Autorités, de participer à un meeting politique organisé par le parti Ribattà Rosso, ville frontalière avec le Sénégal, comportant de fait, des opportunités de traversée clandestine vers l’étranger.
L’espace d’une semaine, Ould Abdel Aziz se serait ainsi investi à deux reprises à quitter le pays. C’est du moins ce que pensent nombre d’observateurs qui sont persuadés que par ces actes, l’ex-président de la République, tente de se dérober à la justice. Et ils avancent entre autres, comme arguments que la Défense de Ould Abdel Aziz a déposé plus de quarante recours pour allonger la procédure judiciaire.
Depuis quelque temps, une vaste campagne est menée sur les Réseaux sociaux, avec plusieurs Hashtags, dont l’un voleurs- rendez- l’argent# qui réclament avec insistance la restitution des biens publics spoliés par l’ancien président et sa famille.
Il faut dire que ces dernières semaines, l’ex-président a occupé l’actualité nationale en multipliant les sorties médiatiques. Face aux graves accusations dont il fait l’objet corroborées par des preuves manifestement solides, Ould Abdel Aziz semble avoir adopté la stratégie de la fuite en avant en se présentant en victime expiatoire d’un règlement de compte politique.
Pendant toute l’instruction il avait systématiquement refusé de répondre aux questions des magistrats instructeurs tout comme il avait refusé toutes les confrontations en arguant de son immunité conféré selon lui par l’article 93 de la constitution.
Rappelons qu’une commission d’enquête parlementaire avait été chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les années de pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz. La commission s'était penchée sur plusieurs aspects : gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l'État, liquidation d'une société publique assurant l'approvisionnement du pays en denrées alimentaires ou activités d'une société chinoise de pêche. Au terme d'une enquête préliminaire transmise au parquet début mars, la procédure avait abouti à la convocation d'une kyrielle de personnalités dans les locaux de la police à Nouakchott, dont l'ancien chef de l'État.
L'enquête financière menée parallèlement à celle de la police a permis d'identifier et de geler ou saisir des sociétés, des immeubles et appartements, des parcs de véhicules, et d’importantes sommes d'argent. Ces biens sont évalués sommairement à plusieurs dizaine de milliards d’ouguiya.
Dans la foulée le juge d'instruction a suivi les réquisitions du procureur qui avait demandé l'inculpation et le placement sous contrôle judiciaire de l'ancien président Ould Abdel Aziz, d'un de ses gendres, de deux anciens Premiers ministres et de plusieurs anciens ministres et hommes d'affaires pour comporte "corruption, blanchiment d'argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d'avantages indus et obstruction au déroulement de la justice".