Le président de SOS Esclaves, Boubacar Ould Messoud était l’invité mardi soir sur Al Wataniya de l’émission « Kelam Vissiyassa», une émission animée par le confrère Mohamed Ould Ameu. Dès le départ, l’emblématique militant des droits de l’homme a tenu à préciser qu’il n’est pas sur le plateau pour parler de politique, mais des droits de l’homme. "Je ne suis pas, a déclaré Boubacar Messoud, un président de parti politique, mais un militant des droits de l’homme." Toujours égal à lui-même, Boubacar Ould Messoud a abordé avec sa franchise habituelle toutes les questions liées à l’esclavage. Le président de SOS Esclaves reconnaît que quelque chose a été fait, surtout en termes de loi criminalisant le phénomène. Même si, regrette Boubacar Ould Messoud, ces dispositifs et instruments juridiques ne sont pas appliqués par les juges qui arguent souvent d’arguments fallacieux pour entretenir l’impunité des esclavagistes. Et Boubacar Ould Messoud de citer en vrac quelques noms de personnes liées à des pratiques esclavagistes avérées, mais qui n’ont jamais été inquiétées. Evoquant, le cas de la quinzaine de victimes que SOS Esclaves vient d’extraire de l’esclavage des confins de Nbeiket Lahwach, Boubacar Ould Messoud a tenu à rappeler que ce sont bien des victimes mauritaniennes dont les maîtres sont des mauritaniens déposés en prison par le procureur de Néma. Le président Boubacar Ould Messoud a déclaré être prêt à être poursuivi pour des affirmations infondées sur les cas que son organisation présente régulièrement devant les tribunaux. Le président de SOS Esclaves regrette que les autorités mauritaniennes continuent dans le déni systématique de l’esclavage qui touche encore des centaines de milliers de personnes. Les derniers propos du Premier Ministre sur la nationalité des quinze dernières victimes de Nbeiket Lahwach viennent s’ajouter aux régulières dénégations répétitives du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Selon lui, la radicalisation d’une certaine jeunesse Harratine doit constituer une raison pour toute la communauté nationale de prendre à bras le corps la question de l’esclavage. Pour le président de SOS Esclaves, si ce problème est réglé, il permettra d’unir le peuple mauritanien, mais s’il n’est pas réglé, il continuera à le diviser et à menacer la cohésion sociale. La radicalisation est la résultante du désespoir et du manque de recours, selon lui. Si les esclaves n’ont pas d’alternative face aux injustices, la force et l’extrémisme constitueront leur seul rempart. Or, les injustices existent dans le système que Boubacar Ould Messoud définit comme l’ensemble de tous les segments qui ont l’autorité en Mauritanie, de la majorité soient-ils ou de l’opposition. Comme exemple d’injustice, Boubacar Ould Messoud cite l’arrestation de Birame Ould Dah Ould Abeid et de son adjoint Brahim Ould Bilal de l’organisation d’IRA. Deux militants des droits de l’homme, arrêtés et jugés pour avoir assisté à une marche. Ils écopent de deux ans de prison ferme. Alors qu’Ahmed Hassine, le maître de Yarg et Said reconnu auteur de pratiques esclavagistes n’a écopé que de deux ans, alors que la loi prévoit au moins cinq ans. Mieux, Ould Hassine ne passera que quatre mois en prison avant de bénéficier de la liberté provisoire. Sur une question relative au Manifeste pour les droits sociaux, économiques et politiques des Harratines, Boubacar Ould Messoud n’en veut pas trop parler. Cependant, selon lui, une commission a été mise sur pied au cours de la dernière réunion du comité permanent du Manifeste pour préparer un congrès qui permettra de renouveler ses instances.
Le Calame