AMI - L’assemblée nationale a consacré sa session plénière, tenue jeudi sous la présidence de son vice-président, M. Ahemdi Ould Hamadi, à l’audition des réponses du ministre de la justice, M. Mohamed Mahmoud Ibn Cheikh Abdellahi Ibn Boya, sur la question orale qui lui a été adressée par la députée, Anissa Deynaba Issa, relative à la situation des résidents des établissements pénitentiaires en Mauritanie.
Mme la députée a indiqué que selon le dernier bulletin publié par le ministère de la Justice, la moitié des détenus font l’objet d’une détention provisoire, c’est-à-dire que 50% des locataires de nos prisons sont incarcérés parmi des criminels sans preuves suffisantes et ne bénéficient ni formation ni réhabilitation.
Elle a également souligné que le bulletin en question date de 2020, s’interrogeant sur les raisons derrière la non actualisation dudit bulletin pour fournir des données fiables sur les différents services du ministère, en particulier, la situation des prisonniers, ajoutant que les prisons sont non seulement incapables d’améliorer leurs services, mais elles risquent également de se transformer en foyers de crimes organisés où se propagent maladies contagieuses et usage de drogues.’’
Mme Deynaba a, en outre, demandé au ministre d’éclairer l’opinion publique sur le rôle dévolu aux institutions pénitentiaires : est – ce réhabiliter des détenus? Ou, au contraire, apprendre à commettre les crimes ?
Dans cet ordre d’idée, elle s’est interrogée sur les conditions d’hygiène et de sécurité au sein des prisons à la lumière de la surpopulation carcérale et la médiocrité des services, d’une part, et l’application par les tribunaux de la détention provisoire, qui est une mesure qui viole les Droits de l’Homme, d’autre part.
Dans sa réponse à la question, M. le ministre a indiqué que l’approche suivie par le ministère comprend la formation professionnelle des détenus, ajoutant que tous les grands centres de détention appliquent cette approche axée sur la formation et la réhabilitation.
Il a affirmé que ces ateliers de formation ont permis de créer des sources de revenu non seulement pour les institutions pénitentiaires, mais également pour les détenus eux-mêmes, qui ont pu avoir des vêtements et autres avantages à partir de leur travail dans ces ateliers.
Parallèlement à ces sessions de formation, les détenus ont bénéficié de cours dans d’autres domaines comme ceux fournis par des missions envoyées par le ministère des affaires islamiques afin d’aider ces personnes à se conformer aux préceptes de l’Islam.
Ould Boya a rappelé que la surpopulation carcérale constitue un problème pour lequel tous les pays du monde travaillent à trouver des solutions à travers la création d’infrastructures, éducatives et autres, au sein des prisons, soulignant que le régime précédent a adopté une stratégie basée sur la construction de prisons à l’intérieur du pays (Aleg, Nouadhibou, N’beika…) au détriment des prisons dans la capitale.
Parmi les mesures entreprises par les autorités pour solutionner partiellement les problèmes posés au niveau des prisons, vient en premier lieu la construction d’une prison à Nouakchott sud d’une capacité d’accueil de 1200 détenus, le projet de construction d’une autre prison à Kiffa, l’adoption du système de permanence à Nouakchott et la limitation de la détention provisoire après la pandémie de covid-19.
M. le ministre a fait allusion à l’amélioration de la qualité de nourriture et autres services au sein des prisons à travers une augmentation sensible du budget qui a atteint 68.000.000 MRU au titre de l’exercice en cours.