Eveil Hebdo - Le dialogue politique sera lancé avant fin mai 2022, a annoncé le comité préparatoire de la concertation nationale, dans un communiqué diffusé la semaine dernière à la fin de la réunion.
Le comité préparatoire a également adopté un calendrier flexible pour finaliser les autres aspects de la préparation du dialogue. Ainsi, la Commission d'organisation paritaire affine les différents thèmes sur la base de l'inclusivité des propositions et de l'absence de tabous sur les sujets à débattre, estime-t-on.
Réuni mardi, le comité préparatoire de la concertation nationale s’était attelé à compléter les thématiques proposées aux débats et l’approbation du calendrier des travaux.
Ambiance de travail sereine
C’est dans cette optique que le comité indique, dans ledit communiqué, avoir décidé de poursuivre son travail pour compléter les thématiques proposées aux débats ainsi que la nature des participants avant le 10 mai courant. "L'organisation proprement dite des travaux (invitations des différents acteurs dont la société civile, les syndicats, les personnalités indépendantes etc ) est également en phase d'être établie". De l’avis des participants, la réunion s’était déroulée dans une "atmosphère sérieuse" et "constructive sur la base du principe du compromis et du consensus". Dés lors, "le travail avance sans coup férir".
Un optimisme noté du coté du vice président de l’UFP, le professeur Lô Gourmo a déclaré que "la préparation du Dialogue national avance à grands pas. Les partenaires discutent avec sérénité des conditions de son ouverture et de son déroulement dans une ambiance positive.
La bonne volonté commune y est et devrait déboucher sur des résultats tangibles et positifs sur les grands dossiers qui seront discutés comme ceux de l'unité nationale et de cohésion sociale ( y compris le passif humanitaire, les questions d'égalité et d'esclavage ), de renforcement de la démocratie plurielle et de la bonne gouvernance, de la gestion des ressources et de leur redistribution équitable, du développement économique et de la protection de l'environnement etc. Aucun thème ne sera tabou et les concertations seront inclusives en sorte qu'aucune catégorie d'acteurs ne sera exclue de la création d'un vaste consensus national pour remodeler et moderniser l'image de la République. Du moins sont-ce là, les principales orientations des efforts en cours. Si elles sont concrétisées, ce sera un progrès considérable pour un pays qui attend avec impatience de sortir de l'ornière".
Composition complexe
Le Professeur Lô Gourmo a évoqué sur sa page face book, la représentation politique au sein du dialogue politique.
Selon l’universitaire, "le dialogue est articulé autour de trois pôles : -- celui dit de la majorité autour de l'UPR et de ses alliés
- celui de l'opposition démocratique composée de manière complexe par un ensemble de partis d'opposition représentés au parlement ( Tawassoul, Rfd, Ufp, Ajd/mr, ), de mouvements nés lors de la dernière élection ( CVE supportant le candidat à la présidentielle derrière feu Kane Hamidou Baba aujourd’hui représenté par Bâ Mamadou Alassane ) et de personnalités d'envergure nationale ( Samba Thiam des Forces Progressistes du Changement( Fpc) injustement privé de reconnaissance légale formelle )
- celui du parti Sawab (représenté au Parlement) et du parti Radical pour une Action Globale(RAG), tous deux supportant le candidat Biram Dah Ould Abeid représenté au dialogue en tant qu' ancien Candidat à la dernière élection présidentielle ( comme feu Kane Hamidou Baba)".
"Cette composition complexe est, note le juriste, le fruit du compromis entre les partis de la majorité et de l'opposition, initiateurs du dialogue et soucieux d'assurer la plus grande exclusivité et la plus grande représentation possible de la classe politique du pays, telle qu'elle se présente objectivement. L'App de Messoud Ould Boulkheir est officiellement dans la liste des membres de l'opposition et a donné son accord de principe pour sa participation aux assises du dialogue. Elle est donc toujours membre, en principe, de la Commission Nationale du Dialogue, dirigé par le secrétaire général de la Présidence de la République au nom du Chef de l'Etat et qui assure de manière égale entre les participants, l'organisation des travaux : ordre du jour et thématiques, calendrier des débats, format des assises, conclusions et mise en œuvre des résultats etc. Une commission technique s'occupe d'harmoniser les positions des différents pôles et de finaliser les accords portant sur chacun des points évoqués précédemment".
Requête satisfaite
Soulignons que Messaoud rejoint les dialoguistes après la satisfaction de sa requête. Le Parti de l'Alliance Populaire Progressiste (APP) et la commission de supervision de la concertation politique sont parvenus à un arrangement définitif, portant satisfaction de la requête dudit parti contre sa participation au dialogue.
L’accord est intervenu après une série de rencontres et de pourparlers entre son président Messaoud Ould Boulhkeir, des représentants du président Ould Ghazouani et les présidents de partis politiques.
Messaoud a reçu dans le cadre des efforts déployés pour que l’APP rejoigne les dialoguistes, les présidents de l’Alliance Nationale Démocratique et de Hatem, respectivement Yacoub Ould Moine et Saleh Ould Hanena.
Il a été également visité par le Vice-président du Rassemblement national pour la réforme et le développement, Tawassoul Saleck Ould Sidi Mahmoud.
L’APP avait boycotté la semaine dernière la session préparatoire de la concertation politique, tenue sous la présidence du ministre secrétaire général de la Présidence avec la participation de représentants des partis politiques du pays.
Raison invoquée : son insistance pour l’implication de la société civile dans les concertations politiques.
Creuset favorable à l’échange et aux discussions sur les sujets sensibles La tenue prochaine de la grande concertation nationale s’inscrit dans la continuité de la politique de dialogue mise en place le Président Mohamed Ould Ghazouani depuis son élection en 2019 dans le but d’instaurer un climat politique pacifié en Mauritanie.
« Le Président de la République est ouvert, et prêt à écouter l’ensemble des acteurs politiques. Il est prêt à engager la concertation, surtout si elle représente une doléance des élus du peuple » a déclaré le Premier ministre devant un parterre de députés, en janvier dernier. L’objectif est de créer un creuset favorable à l’échange et aux discussions sur les sujets sensibles de la société mauritanienne, notamment l’unité nationale et la question de l’esclavage. Ainsi ajoute-t-il, « cette concertation devra s’inscrire dans le cadre du renforcement de la cohésion sociale, et l’accélération du rythme du travail engagé en matière de lutte contre les séquelles de l’esclavage ».
Cette déclaration intervient en réponse aux craintes apparues concernant la concrétisation des promesses de dialogue que le nouveau président de la République avait faites durant sa campagne présidentielle. Ainsi, des discussions ont démarré entre plusieurs forces vives du pays pour encadrer cette grande concertation nationale, suite logique de l’ouverture du pays sur un plan politique.
Quelques mois après son accession au pouvoir, le Président Ould Ghazouani a amorcé une politique plus ouverte que celle de son prédécesseur, dont les rapports avec ses opposants avaient été très tendus pendant 11 ans. Recevant plusieurs partis politiques et de larges segments de la société civile, le Président avait affiché sa volonté de dialoguer, d’améliorer la situation du pays, et de dépoussiérer les dossiers non traités depuis longtemps, et notamment celui de l’esclavage et de l’unité nationale.
Appel au sursaut national
Néanmoins, malgré ces actions, plusieurs acteurs de la société civile estiment que beaucoup reste à faire. Pour certains observateurs, les actions du gouvernement restent cantonnées à l’étape de discussions avec l’opposition et il est important d’adopter des mesures encore plus fortes pour réussir à éradiquer le phénomène de l’esclavage, l’exclusion sociale, la pauvreté, le dossier du passif humanitaire.
Des personnalités politiques et du monde syndical ont lancé, le 28 avril, un appel vibrant à un sursaut national. Et pour cause, le pays vit une situation particulièrement difficile pour ne pas chaotique, ceci à tous les niveaux. Amadou Tidjane Diop, président du Front républicain pour l’unité et la démocratie (FRUD), Samory Ould Beye, secrétaire général de la CLTM, Mmes Coumba Dada Kane et Kadiata Malick Diallo, Me Id M’Bareck, Mohamed Lemine Sidi Maouloud, députés à l’Assemblée nationale et Bala Touré, coordinateur du Sursaut Populaire Démocratique (SPD) ont brossé un tableau sombre du pays, marqué, selon eux, "par le recul des libertés politique et d’opinion, le refus de reconnaître des partis politiques et d’autoriser des manifestations pacifiques, la persistance de la gabegie, du chômage, de la sous-traitance, de l’esclavage, une mauvaise volonté de régler le dossier dit passif humanitaire, des problèmes de l’école, de la hausse effrénée des prix des denrées de première nécessité…"
Face à cette situation, et en l’absence de volonté politique réelle du pouvoir de régler, à travers un large consensus national, les questions qui se posent aux mauritaniens, ces personnalités lancent un appel pressent à l’ensemble des patriotes, soucieux de l’avenir de leur pays et de leur jeunesse, à se joindre à leur initiative, pour se ressaisir tous ensemble afin d’éviter des lendemains incertains à la Mauritanie. Pour ces personnalités, "le dialogue en gestation n’est pas un remède, dans la mesure où il n’aboutira à aucune solution aux problèmes du pays, au contraire même, il servira de prétexte au pouvoir pour gagner du temps". "C’est la raison pour laquelle nous allons entreprendre des actions d’envergure", ont-ils prévenu.
Quoi qu’il en soit, si elle est organisée dans les prochains mois, La grande concertation nationale pourrait-elle déboucher sur des mesures concrètes ?
Saydou Nourou T.