Ceux qui avaient misé sur l’effritement de la popularité du président Ghazouani en auront eu pour leur argent. La forte mobilisation des populations de Nouakchott ce samedi a levé toute équivoque quant au crédit que les citoyens accordent encore au président de la République.
Mais est-ce suffisant? Est-ce que les mobilisations sous la bannière d’un parti-Etat rompu au bourrage politique peuvent servir de jauge réelle au soutien, à l’engagement, à la conviction de servir un programme et un homme politiques.
Il est permis d’en douter d’autant que si ce «baromètre » de mobilisation du parti permettait effectivement de refléter un attachement à des idéaux et des principes ou même à un homme politique beaucoup de présidents ne seraient pas aujourd’hui voués aux gémonies.
En dépit donc d’un rassemblement, concédons-le, inédit par son ampleur -difficile de se remémorer un meeting aussi grand par son affluence- le meeting de samedi à Nouakchott ne devrait pas griser le premier concerné: le président Mohamed Ould Ghazouani.
Même s’il n’a pas toujours été impliqué dans la politique politicienne avant de briguer le suffrage de ses compatriotes en 2019, le premier atout du président Ghazouani, qui en a vu défiler devant ses yeux bien des présidents, est celui de savoir garder sa lucidité et son détachement. Il devrait savoir, lui qui a ouvertement critiqué son administration pour ses failles, que la seule balance sur laquelle sera pesée son aura c’est celle de la justice sociale et de la bonne gouvernance. Deux thématiques qu’il n’a pas hésité à pourfendre récemment. C’est à l’aune des avancées sur ce terrain que la majorité des mauritaniens continuera, ou non, à lui accorder sa confiance. Le reste n’est que folklore.
Jedna Deida