Francetvinfo - Le religieux, qui a contribué à la fin du régime d'Ibrahim Boubacar Keïta déposé par la junte actuellement au pouvoir, estime que "l'isolement actuel du pays ne peut pas continuer".
L'influent imam malien, Mahmoud Dicko, a mis en garde la junte militaire au pouvoir sur la "gestion actuelle" du pays qui "ne va pas", s'adressant au colonel Assimi Goïta.
Formé en Arabie saoudite, Mahmoud Dicko est considéré comme la figure de proue des manifestations de 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui ont mené à son évincement par un putsch.
"L'isolement actuel du pays ne peut pas continuer"
"Je ne peux pas me taire sur la gestion actuelle du pays, j'ai été acteur du changement, des gens sont morts devant ma porte et devant ma mosquée. Je ne peux pas rester en dehors de la suite", a-t-il déclaré le 28 novembre 2021 lors d'une rare apparition publique dans la capitale Bamako, ajoutant avoir demandé en vain une audience au colonel Goïta."Je vois que ça ne va pas. C'est pourquoi j'ai décidé de prendre la parole, a-t-il dit.
On ne s'entend pas entre nous, on n'est pas avec le reste du monde. Il faut qu'on se donne la main sinon le pays n'est pas sur la bonne voie. (...) L'isolement actuel du pays ne peut pas continuer", a-t-il ajouté.
Le Mali est sous le coup de sanctions de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) depuis le coup d'Etat.
Mais il doit surtout faire face aux critiques de la communauté internationale depuis qu'il a décidé de se tourner vers la Russie dans sa lutte contre le terrorisme, au grand dam de l'Union européenne et de la France qui a déployé l'opération Barkhane sur son son sol.
"Nous souhaitons pouvoir compter sur la Russie, un partenaire réaliste et pragmatique qui a su faire preuve de son efficacité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans d’autres théâtres d’opération", a déclaré Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, le 11 novembre 2021, lors d'un déplacement en Russie.
Dans le cadre de cette coopération, les autorités maliennes pourraient recourir à la société privée Wagner, mais elles assurent qu'aucun contrat n'a encore été signé. Début octobre, le Mali a néanmoins reçu la livraison de quatre avions militaires russes.
Sur le plan économique, le pays a été également exclu de l’African Growth opportunities Act (AGOA), une loi qui permet aux pays d’Afrique subsaharienne d’exporter vers les Etats-Unis sans droits de douane.
Pas d'élections en vue en février 2022
Dans son intervention, Mahmoud Dicko a souligné qu'il n'appelait pas à manifester, ni à renverser le pouvoir actuel. Le Mali est dans la tourmente depuis le coup d'Etat et le colonel Goïta, 37 ans, est la cible des critiques internationales depuis qu'il a démis le gouvernement transitoire civil en mai lors d'un second putsch.
Les "Assises nationales" qui devaient se tenir en décembre et à l'issue desquelles la junte au pouvoir devait fixer la date des élections, ont été reportées sine die la semaine dernière. Le Premier ministre installé par la junte, Choguel Kokalla Maïga qui est un proche de l'imam Dicko, insiste sur la tenue de ces assises pour décider des suites de la transition et de la tenue d'élections censées garantir un retour à un pouvoir civil.
Malgré la pression d'une partie de la communauté internationale, Bamako a récemment notifié à la Cédéao que le Mali serait dans l'incapacité d'organiser ces élections en février 2022, évoquant notamment l'insécurité criante dans les régions.
Le Mali est le théâtre depuis 2012 d'un conflit lancinant avec des attaques répétées de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, doublées de violences contre les civils perpétrées par des groupes armés, certains autoproclamés d'autodéfense. Les forces régulières sont également fréquemment accusées d'exactions.
franceinfo Afrique avec AFP
France Télévisions Rédaction Afrique