Dans la conduite à suivre avec ceux de nos semblables qui nous quittent définitivement notre conscience nous place entre deux choix, dire du bien d’eux, ou nous taire. On ne tergiverse pas longtemps avant d’éliminer le dernier choix qui est contraire à la prolixité de notre nature, pour nous retrouver seul à seul avec le premier, que notre tempérament généreux et facile à se perdre en développements superflus ne trouve aucune difficulté à altérer pour toujours la pureté. Ceci défini généralement les rapports naturels des humains liés entre eux par toutes sortes d’attaches tissées à travers les âges par les soins de leur infatigable imagination, et sans cesse renforcées par leur besoin de s’accorder une aide mutuelle, qui se traduit par des relations souvent aussi vieilles que la présence du premier homme sur terre, et entre les plis desquelles prolifèrent et se développent côte à côte les idéaux moraux et intellectuels les plus élevés, et les bassesses humaines les plus abjectes, comme la délation et la flagornerie.
Bien que de part sa nature l’homme à peur du changement, il reste néanmoins négligeant et inattentif, dans ses rapports avec les choses qui l’entourent, surtout quand elles n’ont pas d’impact négatif immédiat sur sa personne et ou sur ses projets présents et à venir. Mais il suffit par exemple qu’il perde sa santé ou un être cher, ou encore que ses affaires ne marchent pas comme il l’a prévu dans ses plans pour qu’il devienne le plus méticuleux des comptables à la vigilance duquel rien de ce qui est réel ou supposé n’échappe. Tous ses sens en alerte, il se met en devoir de guetter impuissant le moindre mouvement de ce hôte importun, que personne ne peut dire avec exactitude s’il est porteur d’heureux changements, ou de la flammèche qui mettra le feu aux poudre.
Contrairement aux informations que nous pouvions détenir sur certains de nos semblables qui ne sont plus de ce monde, et que l’obligation de ménager la susceptibilité de leurs proches, ou toute autre considération morale, ne nous permet d’aborder qu’avec précaution, nous avons cette fois toute la latitude nécessaire pour utiliser sans circonspection aucune les renseignements dont nous disposons sur l’un ou l’autre des éléments de notre environnement immédiat, comme par exemple une récapitulation sommaire des faits les plus marquants de l’année écoulée, à laquelle je vous invite Mal attaquée par beaucoup l’année 2015 a tout aussi mal fini pour beaucoup.
Chez-nous elle a commencé par la prise en otages de leurs gardes par les prisonniers salafistes de la prison centrale, ce 24 janvier 2015, et les pourparlers qu’ils engagèrent avec l’État, et qui aboutirent à un arrangement à l’amiable, avant que ce dernier ne déclare l’incident clos. Onze mois plus tard, jeudi le 31 décembre quelques heures seulement avant que 2015 passe le flambeau au nouvel an, Cheikh Ould Saleck un dangereux salafiste accusé de tentative d’assassinat du président Mohamed Ould Abd-El-Aziz a claqué derrière lui la porte de la prison centrale, et disparu dans la nature. Malgré les fausses rumeurs qui ont couru sur son arrestation dans un quartier au nord de la capitale, le détenu est toujours en cavale. Six mois après le premier incident de la prison, le 03 août 2015 les autorités faisant fi de la convention de coopération judiciaire entre le Mali et la Mauritanie, libéreront le porte-parole du groupe ançardine, Sanda Ould Bouamama, poursuivi pour crimes de guerre, pour crimes contre l’humanité, et pour violences sexuelles. Signalée dés le début de l’année dans la Moughataa de Arafat ( la plus grande des Moughataa de la capitale par la superficie et le nombre des habitants) la fièvre du même nom, qui prendra par la suite celui de Dengue avant de le troquer par celui plus redoutable de la vallée du Rift, qu’on prit à un moment donné pour Ebola, sévit en silence, et de manière endémique sous le regard indiffèrent du département concerné.
Malgré sa proclamation par le président de la république année de l’enseignement, l’année 2015 que, l’effet fâcheux produit dans l’opinion publique par la mise en vente de plusieurs écoles, et par les fuites, et l’annulation des épreuves du bac, suivi par les grèves des étudiants de l’université de Nouakchott pour faire valoir leur droit à un transport qui approche les normes de la décence, n’est parvenue à être que l’année de sa mort clinique. Sur le plan des droits de l’homme le rapport US 2015 n’a pas été rédigé pour redorer le blason des autorités. Un rapport fourni, et accablant qui divulgue au grand jour, et pour la première fois, toutes les formes d’exploitation de l’homme par l’homme. Un négoce, qui ne peut avoir enseigne et pignon sur rue, qu’avec la bénédiction des pouvoirs publics. De l’esclavage moderne, aux séquelles de l’esclavage traditionnel, en passant par le trafic de la chair, et ses dérivatifs le sexe, la prostitution, le proxénétisme, les stupéfiants, et les maisons clauses ou officient souvent contre leur grè des filles sous le regard bienveillants de leurs souteneurs barbus qui ne les quittent que le temps de prier à la mosquée du coin.
Ceci constitue le revers de la médaille dont l’avers est l’absence de réhabilitation durable qui fragilise les anciennes victimes de ce trafic au point qu’il n’est pas exclu qu’elles rebasculent à nouveau dans le vice. Toujours dans le dossier des droits de l’homme, le litige foncier qui opposait dés leur rapatriement en 1995 les habitants du village de Thiambène à une dame mauresque, et qui fut l’objet d’un règlement à l’amiable, sanctionné par un protocole d’accord entre les deux parties, parrainé par les autorités administratives et judiciaires compétentes, rebondit à nouveau en 2003, et depuis lors revient à chaque nouvelle récolte de la plantation de manguiers pour remuer le couteau dans la plaie des douloureux événements de 1989. Le 25 mais 2015, ce litige atteignît son paroxysme quand l’imam et le muezzine de la mosquée de Thiambène conseillèrent aux femmes du village de cueillir les fruits de la plantation sans l’autorisation de la dame mauresque qui dit détenir des documents attestant qu’elle est l’unique propriétaire du plantage. Avisée la gendarmerie se rend sur les lieux et embarque neuf femmes et trois hommes dont les deux cités plus-haut. Ce qui fit l’effet de la goutte d’eau qui déborde le vase, et provoque des vives réactions dans l’opinion publique, dont celle virulente d’IRA, qui mis en garde les autorités contre les risques d’implosion, et de conflits communautaires réels, et appelle ses militants à se tenir aux côtés des populations de thiambène dans leur lutte pacifique pour la dignité. Et celle moins brutale, mais tout aussi ferme de la communauté Wolof du pays, qui parle d’atteintes graves à la dignité et aux droits de l’homme, et demande réparations et dommages pour les villageois.
Après deux mois de grève qui lui ont fait perdre toute sa superbe, La SNIM que la chute continue des cours du fer sur le marché mondial n’est pas faite pour lui faire jouer le rôle du bon samaritain, invite ses employés à consentir les sacrifices nécessaires en vue de faire face aux défis imposés par la conjoncture actuelle. Ce qui peut se traduire par : tournez la page, serrer vos rangs et vos ceintures. Son administrateur D-G reprend du poil de la bête pour annoncer que la société n’a eu aucune peine à honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients, grâce à une parfaite maîtrise de la tenue du fonctionnement de son outil de production. Ce qui sous entende qu’elle continuera aussi longtemps sur cette lancée avec, ou sans la participation de ses ouvriers grévistes.
Recommandée et adoptée par l’UNESCO en 1991, la date du 3 mais est consacrée journée mondiale de la liberté de la presse depuis 1993, date de sa proclamation officielle par l’organisation des nations unies. Cette année elle est fêtée sous le thème : « Laissez le journalisme prospérer ! Vers une meilleure couverture de l’information, l’égalité des genres, et la sécurité des médias à l’ère numérique. » Au cours de cette journée les journalistes du monde entier célèbrent les principes fondamentaux de la presse, et évaluent sa liberté à travers le monde. Ils rendent aussi hommages à leurs confrères morts dans l’exercice de leur fonction, et organisent une cérémonie de remise de prix, pour distinguer les organes de presse et les journalistes qui le méritent. Autant d’activités qui ont fait défaut à notre journée nationale pour la liberté de la presse, qui n’a brillé que par la volonté de ses organisateurs de la voir passer inaperçue. La sixième édition du festival des villes anciennes de Mauritanie à été reportée officiellement à l’année prochaine à la demande des élus de Ouadane.
Chaque année depuis cinq ans des milliers d’hommes et de femmes (artisans, petits commerçants, vendeurs, touristes, guides, notables, hauts fonctionnaires, et simples curieux) font le pèlerinage de l’une ou l’autre des quatre villes (Chinguetti, Ouadane, Oualata, et Tichit) où se tiennent tous les ans sous l’égide du président de la république qui tient chaque fois à donner le coup d’envoi des festivités commémoratives de ces journées. Qui peut évoquer la Mauritanie sa politique ses médias, sa culture ou son histoire en général sans faire revenir à la mémoire ce visage serein animé d’une jeunesse immuable, et par un savoir livresque assagi par l’expérience. Un homme simple, avenant, égal à lui-même, à l’aise entre les instruits, humble au milieu des illettrés. Fort dans ses combats pour les droits. Prompt à s’acquitter de ses devoirs. Un homme qui s’était donné à nous avec générosité, et à qui nous avons refusé ce que lui revenait de droit. Un homme qui animait par sa présence toutes nos réunions, et donne un sens à nos activités. Un homme qui a porté à nos efforts les plus vains, les fruits de son honnête labeur. Sa présence ne nous a jamais rien coûté, et sa mort est pour nous une perte irréparable. Cet homme vous l’avez deviné c’est l’unique l’irremplaçable Mohamed Said Ould Hamody à qui la faucheuse a rendu visite ce 20 août dans l’anonymat d’une chambre d’hôpital de Casa.
La flagornerie est la monnaie qui fait descendre de son piédestal jusqu’au niveau de son adulateur n’importe quel haut placé. Elle fait aussi pousser des ailes à l’encenseur pour qu’il se perche au pied du socle de son bienfaiteur. Mais se laisser mener à bride abattue par son chauvinisme au point d’acculer au fond d’une impasse son bienfaiteur, et mettre en jeu ses propres intérêts pour défendre la langue maternelle de quelques deux cents trente millions de personnes, c’est la dernière bravoure de l’ingénieux El Khalil Ould Tiyib qui illustre bien Don Quichotte dans sa guerre contre les moulins à vent. Le dialogue est le mot le plus usité du citoyen mauritanien et son élite, surtout dans sa version arabe الحوار . Mais pour ceux comme vous et moi qui savent que le citoyen ordinaire et son élite on le bagou l’effet de surprise ne sera pas de la partie. Voyons donc ce qu’en dit Larousse, et laissons à chacun le soin de choisir le sens qu’il veut donner à « son dialogue. »
1) Echange de propos entre deux ou plusieurs personnes.
2) Discussion en vue d’un accord.
3) Ensemble de répliques échangées entre les personnages d’une pièce de théâtre, d’un film d’un récit.
4) Ouvrage littéraire présenté sous la forme d’une conversation.
Et les expressions : Dialogue des sourds, dans lequel aucun des interlocuteurs ne veut écouter l’autre. Dialogue homme-machine, échange interactive entre un utilisateur et un ordinateur. Ainsi à sa reprise prochaine chacune des parties en présence saura défendre le sens qu’elle veut donner à « son dialogue. » Accident ! Voila un mot qui donne des sueurs froides à plus d’un, à cause de sa nature imprévue et soudaine qui provoque toujours des dommages matériels, et coûte souvent la vie à des gens bien portants il introduit aussi la souffrance et la douleur, chez d’autres personnes qui subissent le contrecoup de la mort d’un être cher, et relègue aux oubliettes bien des projets à la réussite desquels rien n’a été épargné. L’état lamentable de nos routes, la vétusté de notre parc automobile et l’imprudence reconnue de nos chauffeurs seraient si nous possédons des statistiques fiables sur les décès et leurs causes à l’origine de plus d’un tiers de ceux-ci suivis de près par les décès causés par la négligence et les mauvais diagnostics médicaux qui viennent loin devant le taux de mort naturelle ou due à des causes inconnues, ou non déclarées.
La déclaration de politique générale du gouvernement est un leitmotiv qui revient Chaque année dans la bouche du premier ministre, elle ne traduit pas forcément la réalité sur le terrain, et contraste même avec la situation catastrophique vécue par les populations dans tous les domaines, où son excellence, chiffres à l’appui annonce des améliorations satisfaisantes, et parfois même des bonds qualitatifs. Monsieur le premier ministre donnez-vous la peine de descendre de votre perchoir, et de rendre visite aux mieux lotis d’entre nous pour vous rendre compte par vous-même des aberrations contenues dans ce document élaborés par d’autres, et que vous n’avez fait que déplier et lire. C’est seulement quand vous l’auriez fait que vous serez à même de défendre nos intérêts, d’évaluer nos besoins, de réaliser nos aspirations, de satisfaire nos ententes, et de traduire notre réalité dans les succès et les échecs des projets où nous seront dorénavant l’unique cible, et le principal bénéficiaire.
Ely-Salem Ould Abd-Daim