RFI - C'est ce 31 octobre qu'Alger ferme le gazoduc GME qui reliait l'Algérie à la péninsule ibérique, via le Maroc. Une décision prise en août dernier au moment où Alger rompait ses relations diplomatiques avec Rabat.
L'Espagne, qui dépend pour moitié de l'Algérie pour son approvisionnement en gaz, redoute de possibles pénuries ou même une hausse des prix du gaz. Cette semaine l'Espagne a cependant reçu de la part d'Alger l'assurance que l'approvisionnement sera bel et bien assuré.
Mais dans un contexte de crise énergique mondiale, il reste à savoir si les prix ne pas vont flamber à nouveau, comme ils l'ont fait début octobre.
L'Espagne sera-t-elle la victime collatérale des tensions entre l'Algérie et le Maroc ? Pour tenter de le comprendre, il faut sortir la calculette. Le gaz brûlé dans les centrales espagnoles provient pour moitié des gisements algériens. La moitié de cette moitié empruntait jusqu'à ce dimanche le gazoduc GME passant par le Maroc mais désormais fermé. L'autre moitié circule via Gazmed, un tuyau sous-marin traversant la Méditerranée.
Alger s'est engagé à honorer ses contrats avec l'Espagne et, pour éviter toute rupture, a entrepris des travaux pour gonfler ce deuxième gazoduc, et lui permettre de palier la fermeture du GME.
De nouvelles hausses des prix à venir ?
Mais Gazmed ne suffit pas et l'Algérie propose d'envoyer du GNL, du gaz liquéfié, par bateaux depuis ses quatre sites de liquéfaction. Sur le papier, les Algériens sont confiants. Et si la Sonatrach, la compagnie nationale algérienne, jure avoir les capacités suffisantes, on ne sait pas en revanche à ce stade si les prix vont bouger. Ceux passés sur des contrats à long terme sont garantis et plutôt bas, explique l'expert Philippe Sebille Lopez, mais ceux du marché spot peuvent se révéler plus onéreux.
Par ailleurs, en ce moment les prix de l'énergie ont grimpé en Espagne dans le sillage des cours mondiaux. D'ailleurs début octobre, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez assurait avoir proposé à la Commission européenne de procéder à des « achats groupés » de gaz afin d'accroître le pouvoir de négociation de l'UE face à la flambée des prix de l'énergie.
« Si l'achat groupé de vaccins fonctionne, pourquoi n'augmentons-nous pas notre pouvoir de négociation en faisant un achat groupé et une réserve stratégique de gaz en Europe ? ».
La Commission doit présenter en décembre un paquet de propositions législatives concernant notamment le gaz. Pas sûr que la flambée d'octobre soit la dernière pour les consommateurs espagnols.
Par RFI