Créée par décret (Décret 2010-245 du 15 novembre 2010 portant création d'un établissement public à caractère industriel et commercial dénommé Agence Nationale de Développement des Energies Renouvelables (ANADER)), l’Agence Nationale de Développement des énergies renouvelables «ANADER», était dotée de prorogatives de maître d’ouvrage délégué pour tous les projets importants dans les énergies renouvelables et avait en charge la conception d'études et de réalisation des projets dans le secteur des énergies renouvelables.
L’ANADER avait donc pour mission de mettre en œuvre, conformément à la politique nationale énergétique, la stratégie nationale de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique sur toute l'étendue du territoire. Elle assure notamment, la conception et la réalisation de projets d'énergies renouvelables; l'identification et la mise en place des schémas appropriés de gestion et de financement des programmes de réalisation et de renouvellement des ouvrages; le suivi de la gestion des ouvrages en veillant notamment au recouvrement intégral des redevances d'exploitation et le suivi de l’exécution des programmes d' entretien des ouvrages; la formation et l'encadrement technique des exploitants des ouvrages; la promotion et l’encadrement des entreprises nationales et locale de prestation des services; outre l’encouragement de la recherche scientifique et la promotion de la coopération internationale, I'ANADER est également chargée de faire des propositions concernant les régions habilitées à accueillir des projets pour la production d’électricité à partir des sources d'énergies renouvelable. C’est dire qu’il est absolument inexplicable que moins de 30 mois après sa création, le même conseil des ministres se réunisse, pour prononcer cette fois sa dissolution et sa mise en liquidation. (Décret n°2013-025 du 04 Mars 2013 portant dissolution de l’Agence Nationale de Développement des Energies Renouvelables (ANADER).)
Qui est ce qui a changé ? Les impératifs qui étaient à l’origine de sa création se sont-ils évanouis ?
Devant cette énigme on ne peut qu’avancer des hypothèses basées sur des faits troublants.
Le 13 Mars 2010, Sidi Ould Tah Alors ministre des Affaires Economiques et du Développement signe avec M. Wan Lin Président de la société chinoise Poly Technologies, Inc.( la maison mère de Polyhondong) un contrat pour la fourniture de matériel solaire dont 1200 lampadaires, pour un montant de 20 millions de dollars. Selon cette convention (article 4.1) l’Etat Mauritanien devra payer dans un délai d’un mois la somme de trois millions de dollars représentant 15% du marché par Transfert Télégraphique T/T au compte 00012908094001 de la Bank of China de Beijing. Le reste soit 17 millions de dollars seront financés par une ligne de crédit d’EXHIMBANK China.
L’ANADER a –t- elle été créée justement pour prendre possession de ce matériel dont aujourd’hui on ne retrouve nulle trace ?
On sait seulement que quelques mois après la dissolution de l’ANADER, la SOMELEC passe un marché avec un particulier pour l’achat de 1200 lampadaires solaires qui seront installés à Nouakchott par une société appartenant comme par hasard, à Hammady Ould Bouchraya, un homme du premier « cercle des intimes de l’ancien président ».
Ces lampadaires achetés comme le montre l’annexe de la convention à 2204 USD FOB soit à peu prés 800 000 Ouguiya pièce ont été changés trois fois sur les axes Avenue Charles De Gaulle et avenue Marché des femmes avant d’être finalement remplacés par des lampadaires électriques. On voit aisément l’ampleur des dégâts.
Autre fait troublant, la responsable de ce projet à l’ANADER était une certaine Amal Mint Mouloud, peu de temps après la dissolution, sa carrière connut ascension fulgurante. Y a-t-il une relation de cause à effet ? En tout cas on peut faire le parallèle avec le destin d’un autre chouchou de l’ancien président qui, peut de temps après avoir présidé la Commission Technique ayant accordé de manière suspecte la centrale Dual 120 à Wartsila devint DG puis Président de la Zone Franche de Nouadhibou.
Autres anachronisme dans ce marché, C’est le ministre Sidi Ould Tah qui au lieu de signer une convention cadre, négocie des prix au détail et ce, à l’insu de son collègue de l’époque le ministre du pétrole et de l'énergie, M. Wane Ibrahima Lamine, qui n’y trouve non plus rien à redire. Quelques semaines après sa mise à la retraite le Ministre Wane est appointé comme directeur général d’une entreprise minière que l’on dit proche de l’ancien président.
Ainsi donc, trois millions de dollars se sont volatilisés du Trésor public et les générations futures ont vu leur dette croitre de 17 millions de dollars qui sont vraisemblablement allés dans les poches de particuliers.
Pour la petite histoire, Poly Technology,inc. Créera quelques mois plus tard une filiale qui signera avec la Mauritanie, la fameuse convention Polyhondong.
Une fois encore une partie du voile se lève sur la décennie de pilage organisé que vient de connaitre le pays. Pas un secteur de l’Economie n’a été épargné. En tout état de cause cette convention est plein champs d’investigation de la Commission d’enquête parlementaire (Marchés du solaire) et elle devra sans aucun doute s’en saisir pour essayer d’en découvrir les tenants et les aboutissants.