Les délégués du personnel de la société TASIAST Mauritanie ont annoncé lundi que la totalité de l’activité au sein de la mine de la société est l’arrêt, les travailleurs à grande échelle ont répondu favorablement à la grève lancée mardi 5 mai courant.
Dans un communiqué publié hier dimanche, la société qui avait estimé à 39% seulement le nombre de travailleurs en grève, a appelé les grévistes à rejoindre rapidement leurs lieux de travail, tout en considérant que « le débrayage dans cette conjoncture de crise affecte tout le monde y compris les travailleurs ».
Dans son communiqué la société précise qu’après 6 jours de grève les effets négatifs se poursuivent par un cumul sur les salaires des travailleurs en grève, sur la situation financière des entrepreneurs et importateurs de la société TASIAST mais aussi sur la production de la société qui a enregistré en 2019 une perte estimée à 2,03 milliards de nouvelles ouguiyas, après les gigantesques investissements réalisés pour améliorer la production.
Dans un entretien téléphonique avec Sahara Medias l’un des délégués du personnel affirme que le taux de participation à la grève est très élevé et approche les 100%, précisant que le travail est à l’arrêt et que la majorité des travailleurs présents sont chargés de tâches administratives.
Les délégués des travailleurs ont choisi pour leur mouvement de grève le mot d’ordre : « la grève de la dignité et construction de la confiance et la transparence pour une production saine et un développement durable ».
Dans leur communiqué les délégués mettent en doute le contenu du communiqué de la société qui estime à seulement 39% le pourcentage de grévistes, affirmant que la mine est à l’arrêt.
Les délégués se sont également étonnés de l’annonce faite par la société évoquant une perte de deux milliards de nouvelles ouguiyas en 2019, alors que la société mère affirme que TASIAST Mauritanie a réalisé d’importants bénéfices et que sa situation financière est confortable, d’autant que les prix de l’or ont enregistré une importante hausse sur le plan mondial.
Les délégués du personnel qui qualifient leur mouvement de « licite déplorable » qualifient de négative la position de la direction lors des négociations entre les deux parties, ajoutant que celle-ci avait ignoré les sacrifices consentis par les travailleurs des semaines durant et qui ont été sous-payés pour les nationaux et fortement rémunérés pour les expatriés.
Les travailleurs ont accusé la société d’avoir gelé les promotions pour les nationaux de même que la mauritanisation des postes, au moment où les expatriés bénéficient de « promotions astronomiques ».
Pendant ce temps la société affirmait qu’elle avait proposé aux délégués du personnel, dès la réception de l’avis de grève, un montant de 12.000 nouvelles ouguiyas à tous les travailleurs le mois de mai, afin de compenser les retombées du covid-19.
Autres faveurs proposées selon la société, le paiement des 5 jours de la franchise de la prime trimestrielle pour ceux qui ont perçu une avance de 60 jours, un traitement favorable pour les jours de repos, ce qui équivaut à une augmentation de 50% du salaire.
Les délégués du personnel ont rejeté ces propositions faites quelques heures avant la date fixée pour le débrayage, considérant, dans une communication téléphonique avec Sahara Medias que ces points ne représentent que 5% de leurs revendications.
Elles sont venues tardivement ajoutent les délégués après que nous ayons été humiliés et méprisés par la direction de la société.
La société quant à elle s’est déclarée surprise par le rejet par les délégués des propositions faites, considérées désormais caduques.
Le contact a ensuite été rompu entre les deux parties malgré les tentatives de l’inspection du travail de jouer le médiateur.
Les délégués demandent une prime trimestrielle pas moins de 25 jours du salaire mensuel alors que la société proposait 15 jours seulement avant de les porter à 20 jours du salaire.
Les délégués maintiennent leurs propositions que justifient, selon eux, la très bonne santé de l’entreprise et la hausse des prix de l’or sur le marché mondial.
Les délégués demandent une augmentation des primes consécutives à la crise du covid-19 et sont entrés en contradiction avec la société à propos des heures de travail, estimant que les travailleurs présents sur le site, le mois dernier, étaient près de 800, moins que le chiffre normal.
Ceux-ci, selon les délégués, effectuaient le même nombre d’heures de travail par jour avant la crise (12 heures par jour) et n’ont pas bénéficié du repos hebdomadaire après chaque semaine de travail.
Ces travailleurs, selon les délégués ont effectué près de 360 heures au cours du mois alors que la société, dans son décompte salarial, n’a considéré que 170 heures seulement selon les délégués.
Les délégués rejettent ce qu’ils considèrent une discrimination à l’endroit des travailleurs mauritaniens pendant la crise du covid-19 de la part de la direction, qui a doublé les salaires des expatriés pendant la crise.
Dans leur entretien téléphonique avec Sahara Medias les délégués du personnel se sont déclarés « ouverts à des négociations constructives avec la direction de la société pour circonscrire la crise ».
Pour sa part, la société a déclaré que, malgré ses efforts pour parvenir à communiquer avec les délégués ceux-ci n’ont pas pu jusqu’ici déterminer une entorse aux lois du travail commise par la société.
Tasiast qui a reconnu les efforts déployés par ses travailleurs révélant qu’elle avait, dans un premier temps offert à chaque travailleur 8.000 nouvelles ouguiyas, un montant porté par la suite à 12.000 UM.
Saharamedias via cridem