La valeur de l’action de Maroc Telecom, connu sous l’appellation d’Itissalat Al Maghrib (IAM), a baissé de 7,52%, lundi 3 février 2020. C’est la plus forte baisse journalière pour cette entreprise, première capitalisation de la Bourse de Casablanca, depuis le 23 juillet 2013, lorsque son action avait reculé de 9,3%, selon des données récoltées par l’Agence Ecofin.
Dans la foulée, près d’un million de titres ont été cédés, un record pour une seule journée de transactions, depuis juillet 2019. Mais à la différence, c’est la première fois qu’un tel volume de transaction est associé à une baisse record de la valeur boursière de l’entreprise. Cette débâcle trouve sa justification dans la décision prise par le régulateur des télécommunications au Maroc, d’infliger à l’opérateur une amende de 3,3 milliards de dirhams, soit environ 310 millions d’euros.
Le groupe compte pour premier actionnaire avec 53% des parts, la Société de Participations dans les Télécommunications, une entité qui appartenait au groupe français Vivendi qui l’a cédé en 2014 à Etisalat, le géant émirati des télécommunications. Ce dernier ne semble pas avoir été bousculé par cette nouvelle, la valeur de son action n’a que très légèrement baissé (+0,37%) sur la Bourse d’Abu Dhabi.
L’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) indique avoir statué sur la saisine déposée à l’encontre d’IAM pour « pratiques anti-concurrentielles » concernant la mise en œuvre du dégroupage. Elle souligne qu’après délibérations, ces comportements ont été jugés « constitutifs d’abus de position dominante ». Même si le gouvernement est présent au capital de Maroc Telecom à hauteur de 30%, les investisseurs resteront attentifs à la capacité du plaignant à obtenir gain de cause dans cette affaire.
Ce dernier est l’opérateur de télécommunication Wana, une des filiales d’Al Mada, la holding d’investissement de l’institution royale au Maroc. Si la sanction devait être maintenue, ce serait un coup non négligeable pour Maroc Telecom et ses actionnaires car l’amende prononcée représente près de 50% du bénéfice net estimé de l’entreprise en 2020 et environ 10% de son chiffre d’affaires prévisionnel.
Pour Etisalat, par contre, le problème peut être contenu. A la fin de la journée du 3 février, la valeur de sa participation au sein de l’entreprise marocaine était proche de 67 milliards de dirhams marocains, soit environ 7 milliards $. Cela représente encore une plus-value potentielle de 2,4 milliard $ sur les 5,6 milliards qui avaient été payés à Vivendi. D’autant que Maroc Telecom a toujours eu une politique de dividende plutôt généreuse. Ce qui, sur les trois dernières années (2016 à 2018), s’est traduit par un rendement moyen de 4,5% sur le cours de chaque action.
Idriss Linge (agenceecofin.com)