Le principal candidat d'opposition à l'élection présidentielle en Mauritanie, Sidi Mohamed Ould Boubacar, a affirmé que la majorité de la population voulait "tourner la page" des 10 ans de pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, accusé de "s'immiscer" dans la campagne.
Au dernier jour de campagne jeudi, avant le premier tour de l'élection qui met aux prises samedi six candidats, dont Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani, compagnon d'armes et dauphin du président sortant, Nouakchott, la capitale, était pavoisée pour quelque heures encore des tentes électorales dressées par leurs partisans.
"Le message que les Mauritaniens ont donné à travers ces regroupements électoraux, c'est que la majorité a envie de tourner la page de ces 10 dernières années", a déclaré M. Ould Boubacar, deux fois Premier ministre, en 1992-1996, puis chef de l'exécutif de transition (2005-2007).
Ce candidat indépendant soutenu par une large coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale formation d'opposition, ainsi que par le puissant homme d'affaires Mohamed Ould Bouamatou, s'exprimait à son retour d'une tournée à travers le pays.
"Les Mauritaniens qui viennent aux meetings des candidats de l'opposition, y compris les miens, sont des Mauritaniens qui viennent exprimer librement leur engagement. Mieux: ce sont des Mauritaniens qui bravent le danger, qui ont dit non aux pressions de toutes sortes", a-t-il affirmé.
Dans le camp du pouvoir, "ce sont des Mauritaniens qui sont poussés par des hommes d'affaires, eux-mêmes sous l'emprise ou l'épée de Damoclès du fisc, et des fonctionnaires qui poussent les leurs parce qu'ils ont peur d'être limogés...", a-t-il ajouté.
M. Ould Boubacar a accusé le président sortant de "s'immiscer" dans la campagne par ses déclarations publiques, y voyant le signe d'un risque de fraude de la part du pouvoir.
"Un chef de l'Etat en exercice n'a pas à intervenir aussi ostensiblement dans une campagne. Il intervient plus que le candidat qu'il prétend soutenir", a-t-il estimé.
Il a qualifié de "catastrophique" la situation économique du pays, l'imputant à la gestion de M. Ould Abdel Aziz.
"Malgré des ressources extrêmement importantes ces dernières années, du fait du boom minier, les prix du fer, les prix de l'or, ont augmenté au cours de cette décennie mais les Mauritaniens n'en ont pas profité", a-t-il dit.
Sous le régime actuel, "les règles de la concurrence ne sont pas respectées, les marchés sont attribués sur des critères non transparents", a-t-il ajouté.
AFP via cridem