La Mauritanie se dirige vers une élection présidentielle prévue le 22 juin 2019.
Quatre dossiers de candidatures ont été déposés auprès du Conseil Constitutionnel. Toutefois, le système de parrainages risque de constituer une barrière non franchissable pour certains postulants déclarés. Les Mauritaniens vont élire le successeur du président Mohamed ould Abdel Aziz le 22 juin prochain. Pas moins de 8 candidats se sont déclarés pour cette présidentielle.
Toutefois, tous ne pourront pas remplir les conditions requises pour participer à cette élection. En effet, parmi les conditions de validation des candidatures à l’élection présidentielle, figure le parrainage par les élus (maires et conseillers municipaux). En effet, tout candidat à une élection présidentielle doit recueillir la signature de 100 parrains constitués d'élus municipaux, dont la signature d'un minimum de 5 maires.
Une disposition fortement dénoncée par le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP-opposition) qui parle «d’une véritable entorse à la démocratie puisqu’elle conditionne la participation à l’élection présidentielle de la part d’un candidat, à l’acceptation préalable de ses adversaires au moins potentiels, dans l’hypothèse ou lui-même n’a pas de maires (et des conseillers municipaux), soit parce qu’il est novice en politique et n’ a donc ni maires, ni conseillers municipaux en propre, soit parce que sa formation politique n’en avait pas eu pour cause de boycott. Dans tous les cas, ce sont d’autres acteurs politiques qui doivent vous adouber pour participer à la présidentielle».
Parlant de l’argument avancé pour justifier ce qu’il considère comme «une aberration», Lô soutient qu’il n’en existe aucun en réalité «sauf le fait que ce système est appliqué dans d’autres pays comme la France. Mais le fait qu’une aberration ou une injustice soit commises quelque part dans le monde ne change rien au caractère aberrant ou injuste de la chose. Surtout en France, dont le système politique est en beaucoup de choses, un chef d’œuvre d’aberration et d’injustices démocratiques».
Un constat au-delà duquel le vice-président de l’UFP ajoute une autre remarque liée à la différence de contexte et des réalités «en France le vote de conscience est beaucoup plus ancré dans les mœurs politiques que chez nous, avec des conseillers municipaux et des maires -surtout du pouvoir- qui ont une faible marge de manœuvre de leur conscience justement. Notre candidat et certains autres de l’opposition en savent sans doute quelque chose».
A la place du parrainage par les élus, l’opposant mauritanien «préfère de loin, le système par lequel le parrainage proviendrait directement des citoyens eux-mêmes, en nombre raisonnable accepté au départ par consensus des acteurs».
Du fait des conditions de parrainage, seuls quatre candidats sur les 8 postulants ont pu déposer leurs dossiers de candidatures auprès du Conseil constitutionnel. Il s'agit de Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed Ghazouani, ancien chef d’état-major général des armées (CEMGA) et ex-ministre de la Défense, candidat de la majorité, Biram Dah ould Abeid, leader anti-esclavagiste, candidat de la coalition Sawab/RAG, Sidi Mohamed ould Boubacar, ancien Premier ministre, candidat indépendant (soutenu par une partie de l’opposition, notamment les islamistes du Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (RNRD/TAWASSOUL), et Mohamed ould Maouloud, leader de l’Union des Forces de Progrès (UFP), candidat de la Coalition des Forces pour un Changement Démocratique (CFCD) «Changeons d’Ere».
D’autres candidatures, à l’image de Kane Hamidou Baba, porte-flambeau de la mouvance nationaliste négro-africaine, soutenu par la coalition «Vivre Ensemble»officiellement annoncées, n’ont pas encore atterri sur la table de la haute juridiction. On avance surtout, justement, un problème de parrainage.
Par notre correspondant à Nouakchott Cheikh Sidya (Le 360;ma)