La chute de Bouteflika ouvre la voie à une nouvelle campagne « mains propres ». Selon nos informations, les services de la gendarmerie enquêtent sur les conditions d’attribution de contrats dans le BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique).
Les hommes d’affaires réputés proches du clan Bouteflika sont particulièrement visés. Selon nos sources, les enquêteurs de la gendarmerie se sont rendus au ministère des Travaux publics et des transports mardi 2 avril, le jour de la démission de Bouteflika.
Ils ont saisi plusieurs dossiers relatifs à l’octroi de gros contrats. Ils ont également emporté avec eux des détails non écrits fournis par des cadres de ce département ministériel, sur la manière avec laquelle les contrats étaient attribués aux protégés du système, dans des conditions jugées douteuses.
Parmi les dossiers que les enquêteurs de la gendarmerie ont pris avec eux figurent ceux de l’autoroute est-ouest, dont le scandale de corruption n’a pas encore révélé tous ses secrets, les marchés du Viaduc Trans-Rhummel de Constantine, le grand Port de Cherchell, l’autoroute Jijel-Sétif et les autres bretelles autoroutières, les stations de péage de l’autoroute est-ouest et le paiement des factures de réalisation du tronçon de l’autoroute est-ouest entre Bordj Bou Arreridj et El Tarf, qui a été attribué au groupe japonais Cojaal.
Ces gros contrats ont la particularité d’avoir été attribués dans des conditions jugées douteuses à des entreprises étrangères notamment chinoises ou à des entrepreneurs proches du cercle présidentiel. Ils se distinguent aussi par des surcoûts exorbitants et des malfaçons flagrantes dans la réalisation.
Par exemple, le viaduc Trans-Rhummel de Constantine a été construit sur un terrain glissant, et menace aujourd’hui d’effondrement.
Inauguré en décembre 2014, ce viaduc a été réalisé par le groupement brésilien Andrade-Gutierrez pour un montant de 18,7 milliards de dinars, selon les chiffres officiels.
Si le scandale de l’autoroute Est-Ouest est connu de tous, d’autres dossiers couvent depuis plusieurs années, dans les terroirs des ministères en charge de la gestion des gros contrats pour la réalisation des infrastructures de base : les Travaux publics, les Transports, les Ressources en eau et l’Habitat.
Par le jeu de petites combines, en établissant des cahiers de charges sur mesure, avec la complicité de l’administration, volontairement ou sur injonction politique, les hommes d’affaires proches du clan présidentiel, décrochaient des contrats juteux, souvent avec des montants beaucoup plus que les coûts nécessaires à la réalisation de ces projets, tous financés sur le budget de l’État.
Ali Idir (Tsa)