Biram Ould Dah Ould Abeid, 54 ans, déjà candidat au scrutin présidentiel de 2014, élu député en septembre 2018 grâce à une alliance entre son mouvement non reconnu et le parti d'orientation baassiste (nationaliste arabe) Assawab, a réitéré sa volonté de se présenter, tout en estimant "impossible de rivaliser avec l'Etat et son candidat".
Le "candidat de l'Etat" sera représenté par l'actuel ministre mauritanien de la Défense, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit "Ould Ghazouani". Ce dernier est désigné comme le dauphin du président sortant dont une troisième candidature consécutive à la magistrature suprême serait inconstitutionnelle.
Une limite que Mohamed Ould Abdel Aziz, 62 ans, ancien général arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008 puis élu en 2009 et réélu en 2014, s'est engagé à respecter. Il achèvera donc son second mandat en août 2019 non sans préciser, comme il l'a fait à l'automne devant quelques médias dont l'AFP : "Je vais continuer à faire de la politique et m'engager pour la Mauritanie.
Dès que la Constitution me permettra de me représenter, je le ferai. Je ne peux pas me présenter à un troisième mandat mais la Constitution ne m'empêche pas de me représenter après".
Pour le député militant Biram Ould Dah Ould Abeid, la chose est entendue : le président sortant "se cache derrière la candidature d'Ould Ghazouani".
Président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), arrêté en août 2018 pour "menaces" contre un journaliste, M. Ould Dah Ould Abeid, prix 2013 des droits de l'Homme de l'ONU, a été libéré le 31 décembre 2018 après avoir été condamné à six mois de prison, dont deux ferme.
Un système de castes et d'esclavage bien vivace
Lors de la prochaine campagne électorale en Mauritanie (près de 4,5 millions d'habitants), la marge de manœuvre du député restera étroite. Une caisse de résonance qu'il lui faudra utiliser habilement.
Car, bien qu'officiellement aboli et contraire à la Constitution, un système de castes est toujours en vigueur en Mauritanie en ce début 2019. Une organisation raciale dans laquelle les "Maures blancs" imposent l’esclavage la population noire haratine. Ce qui fait de la Mauritanie l'un des pays de la planète où l'esclavage se perpétue au vu et au su de tous.
Selon un rapport d’Amnesty International daté de mars 2018, les défenseurs des droits humains mauritaniens qui dénoncent la pratique persistante de l’esclavage et de la discrimination dans le pays subissent arrestations arbitraires, torture, détention dans des prisons éloignées et interdiction systématique de se rassembler.
Dans son dernier état des lieux en Mauritanie en janvier 2019, l'ONG Human Rights Watch constate que la situation ne s'est guère améliorée en un an. Elle s'est peut-être même détériorée.
Francetvinfo via cridem