L’activiste anti-esclavagiste et candidat aux élections législatives de septembre, Biram Dah Abeid, a été arrêté le 7 août 2018. Craignant que cette arrestation ne soit motivée par des considérations politiques dans un contexte pré-électoral, Alkarama a envoyé un appel urgent au Rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’expression (RSFRDX ) le 14 août 2018 l’appelant à intervenir d’urgence auprès des autorités mauritaniennes pour leur enjoindre de le libérer.
Ces dernières doivent s’abstenir d’entraver arbitrairement ses activités de défenseur des droits de l’homme et l’exercice de son droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays.
Arrestation dans le contexte des élections législatives
Parallèlement à ses activités de défenseur des droits de l’homme, Biram Dah Abeid est candidat aux élections législatives qui se tiendront le 1er septembre 2018.
Peu avant son arrestation, il était rentré d’un séjour à l’étranger pour animer des réunions politiques informelles dans plusieurs quartiers de Nouakchott en vue du lancement officiel de la campagne électorale.
Biram Dah Abeid a été arrêté à son domicile au matin du 7 août 2018 par des policiers qui n’ont invoqué aucun motif ni présenté de mandat. Les autorités ont avancé dans un second temps que cette arrestation faisait suite au dépôt de plainte pour outrage d’un journaliste suite à un différend entre ce dernier et l’IRA dans le cadre d’un reportage.
Il a ensuite été conduit au commissariat de Riyad 1 pour y être interrogé. Les policiers ont d’abord refusé qu’il soit assisté par un avocat durant les interrogatoires, puis son conseil a finalement été autorisé à le rencontrer le lendemain. Biram Dah Abeid n’a pas non plus été autorisé à recevoir la visite d’un médecin alors qu’il en avait fait explicitement la demande.
Ce n’est que six jours plus tard, le 13 août 2018, que Biram Dah Abeid a été présenté devant le procureur près du tribunal d’Arafat, alors que le délai de garde à vue dans les affaires de droit commun est de 48 heures.
Il a été inculpé d’« incitation à la violence » et de « menace portée sur la vie des personnes » avant d’être placé en détention provisoire. Quelques jours plus tôt, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait validé sa candidature à la députation alors qu’il se trouvait encore en garde à vue.
Harcèlement judiciaire de Biram Dah Abeid
Biram Dah Abeid est une figure emblématique de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie. En 2008, il a fondé l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG non reconnue par les autorités.
Il milite pour sensibiliser la population aux questions relatives aux droits humains, notamment l’impunité dont jouissent les propriétaires d’esclaves, ainsi que la discrimination et les violations des droits humains que subissent les descendants d’esclaves.
Si son travail jouit d’une renommée internationale – il a notamment été récompensé par le Prix des Nations unies pour la cause des droits de l’homme, – Biram Dah Abeid fait l’objet d’un harcèlement judiciaire systématique dans son pays.
Il avait notamment été arrêté en 2014 alors qu’il prenait part à une manifestation pacifique dans le cadre de l’initiative « la caravane pour l’abolition de l’esclavage » qui sillonnait alors le pays pour sensibiliser la population sur la question de l’esclavage.
Pour rappel, l’esclavage a été officiellement aboli en 1981 en Mauritanie et depuis 2007, sa pratique est reconnue comme un crime conformément au droit national. En août 2015, la Mauritanie a voté une nouvelle loi contre l’esclavage, qui considère cette pratique comme un crime contre l’humanité.
Source : http://www.alkarama.org