Tout est monté en flèche sur les marchés nationaux. « De l’aiguille jusqu’à la petite goutte d’huile les prix ont doublé, s’indigne cette femme » qui crie son ras-le-bol.
Décidément l’Etat a livré les citoyens à la cupidité capricieuse des commerçants dans une conjoncture économique nationale n’ayant jamais atteint un tel seuil critique. Les denrées de toutes sortes ont franchi un niveau record de cherté. La spirale des prix s’est emballée avec l’introduction de la nouvelle monnaie sans aucun lien avec le marché mondial.
Le bon vouloir des commerçants véreux a pris comme toujours le dessus sur le pouvoir régalien de l’Etat incapable d’imposer son autorité pour réguler les prix et remettre de l’ordre sur le marché local.
« Cette poussée excessive du gain risque de faire bouger la rue et entrainer des émeutes imprévisibles » lance ce père de famille écumant de rage entre deux « Tfou Tfou » cette galère ! A moins de quelques semaines tous les clignotants ont viré au rouge.
Le panier de la ménagère est à moitié vide tellement les budgets des familles ne tiennent plus sur la balance des prix. Il faut jouer à la parcimonie pour joindre les deux bouts. A peine le mois commence-t-il que dans les foyers chacun tire le diable par la queue. Toutes les denrées ont grimpé : le riz, , le sucre, le blé, l’huile végétale, ont augmenté entre 20 et 30 % . Idem pour le matériel de construction, l’électroménager qui a été entraîné par la frénésie de la libéralisation sauvage.
En Mauritanie la tradition culinaire repose sur trois repas quotidiens ayant chacun son prix : le petit déjeuner dominé par les baguettes de pain qui accompagnent le café, ou le thé matinal de la majorité des familles. Vient ensuite le grand déjeuner de la journée situé entre 13 heures et 15 heures qui consacre la moitié des dépenses du ménage avec comme principal sinon unique plat le riz au poisson ou à la viande selon les gouts.
Un troisième repas non moins important servi à la fin de la soirée achève la gargantuesque randonnée culinaire. En moyenne une famille à revenu modeste dépense par jour 300 N- Um. Sans compter les autres charges comme l’éducation, le transport, l’électricité, l’eau, le téléphone, l’habillement, les fêtes annuelles etc. dans un pays où le smig est en deçà de 5000 N-UM. C’est dire que les mauritaniens vivent tous au –dessus de leurs moyens.
Les fonctionnaires sont sous-perfusion entre les banques et les commerçants. Les mesures sociales (comme les boutiques « Emel »), prises par le gouvernement pour tenter d’atténuer les souffrances des populations deviennent des cerises sur le gâteau des commerçants qui s’en approvisionnent pour revendre plus cher. Les populations ne ressentent point l’impact sur l’amélioration de leurs conditions de vie.
La meilleure arme est de lutter contre la spéculation et le renchérissement injustifié des prix. L’État, notamment le ministère du commerce - qui brille par son absence - doit faire actionner les leviers du contrôle des prix et appliquer des sanctions exemplaires contre les fraudeurs et contrevenants aux tarifs officiels fixés par les pouvoirs publics au lieu de laisser les commerçants jouer aux loups dans la bergerie…
La situation économique du pays continue de se dégrader, la misère creuse ses tranchées dans les milieux pauvres qui souffrent atrocement de l’abandon et de l’insécurité. Au lieu d’agir dans l’urgence, le gouvernement s’emmure dans un silence profond pendant que les prix flambent sur le marché donnant du tournis aux consommateurs déjà saignés à blanc une crise structurelle...
Le Rénovateur Quotidien