Au cours d’une rencontre organisée, samedi après-midi, au siège l’espace de concertation victimes –société civile; institutions de médiation, partenaires techniques –État, situé, à Sebkha, non loin de Métro, les veuves et orphelins, ont expliqué aux membres de leur collectif (COVICIM) leur arrestation et leur détention pendant 5 jours à Kaédi, lors des festivités marquant le 57e anniversaire du pays.
Pour Maimouna Alpha Sy, secrétaire général du collectif des veuves, Aissata Anne, vice-présidente du collectif, Aissata alassane Diallo et Aissata Diaary Sall,le voyage de Kaédi a été un succès franc dans la mesure où les revendications légitimes des veuves et orphelins ont été étalées au président devant l’ensemble du peuple Mauritanien, des ambassadeurs, les partenaires techniques et financiers et les médias en dépit du grand déploiement des forces de l’ordre et de sécurité,
des gens opposés à notre présence à la cérémonie et même les populations de Kaédi qui ne voudraient pas de voix discordantes ce jour-là, en déployant nos banderoles, en criant, « sans justice, pas de réconciliation nationale», et en dévoilant des chemises noires que nos enfants portaient, explique Aissata Diary Sall qui ajoute:
la surprise était grande du côté de la garde rapprochée du président de la République, d’où la violence de sa réaction contre les jeunes et nous, particulièrement de la part d’un nommé BounNour qui s’est déchaîné sur les gosses. On nous a battus avant de nous jeter dans une voiture et nous envoyer à la base militaire, puis à la direction de la sûreté régionale. Après les interrogations, Aissata Diaary Sall et Maimouna Alpha ont décelé une espèce de relâche, les responsables paraissaient compréhensifs et ont laissé entendre que les ordres étaient venus d’en haut.
« Nous sommes allés à Kaédi pour indiquer que depuis 1990, le 28 novembre est "synonyme de deuil", et non de "réjouissance", parce que c'est dans la nuit du 27 au 28 de ce mois que 28 militaires négro-mauritaniens furent pendus dans la garnison d'Inal par leurs frères d'armes maures pour célébrer la fête de l'indépendance. »
Dans une déclaration lue, à l’occasion, les veuves et orphelins ont réitéré leur exigence de justice, leur détermination à se battre pour faire triompher la vérité sur les tueries contre les officiers, sous-officiers et soldats négro-africains, en 1990, car affirment-ils, sans cette justice, il n’y aura pas de réconciliation en Mauritanie, «Nous demandons que les tortionnaires connus de tous soient traduits devant des tribunaux pour répondre de leurs actes.» Les veuves et orphelins ont indiqué qu’ils entendent, avec leurs conseils, porter plainte contre les auteurs des sévices à Kaédi, en particulier contre le nommé BounNour.
Interrogés sur les déclarations prêtées au ministre de la défense et selon lesquelles le gouvernement entend éponger définitivement le dossier du passif humanitaire qu’il avait d’ailleurs clos unilatéralement, il y a quelques années avant de menacer de poursuite tous ceux qui en parlent, Maimouna Alpha Sy dit avoir entendu, comme tout le monde, dans les médias mais personne ne les a saisies de cette question mais que les veuves et orphelins répondraient à toute invitation, mais qu’ils restent prudents et vigilants, que les pécules ne résoudront pas le problème, au contraire, nous exigeons la justice et le jugement des tortionnaires. Et Aissata Diaary Sall d’ajouter: nous pensons que le coup d’éclat de Kaédi a fait bouger le dossier, nous attendons.
Les veuves et orphelins ont enfin déploré l’absence de rescapés à l’opération deKaédi, les craintes de la population de la ville, ils ont félicité la section de Boghé dont les membres se sont joints à la délégation de Nouakchott.
Notons que cette cérémonie s’est déroulée en présence de l’ex-députée Kadiata Malick Diallo, du président de TPMN, Dr Dia Alassane, d’une délégation d’IRA et de Kawtal.
Dans un mot qu’elle a prononcé à cette occasion, KMD, après avoir félicité les veuves et orphelins pour leur courageux combat et leur détermination à faire triompher la vérité, leur a réitéré son soutien agissant ; elle a ensuite fait observer que la vérité peut traîner les pieds mais elle finit toujours par triompher. Une manière de les inviter à maintenir le cap.
Le Calame