DJIBO KA, JE ME SOUVIENS ! | Mauriweb

DJIBO KA, JE ME SOUVIENS !

sam, 16/09/2017 - 10:46

<p>En plein été du mois de juillet 1999 sous le soleil ardent de l'Afrique lorsque le gouvernement sénégalais avait décidé de m'expulser du pays de la Téranga, suite aux pressions diplomatiques du petit dictateur de Nouakchott le colonel Maouya Ould Sid'Ahmed Taya, le doyen Djibo Kâ faisait partie d'un de nos plus solides soutiens à Dakar. Il a convoqué une conférence de presse à l'occasion en tant que leader de l'URD pour dénoncer cette "décision injuste et arbitraire". Dans les locaux du groupe Sud Communication à l'immeuble Fahd, Bd Djily mbaye X rue Macodou Ndiaye où je me trouvais pour faire des adieux à mes amis, ma soeur&nbsp;<a href="https://www.facebook.com/aissatou.fall.90?fref=mentions">Linguère Aissatou Alioune Fall</a>&nbsp;la journaliste vedette de l'époque de Sud Fm et mon ami et captif&nbsp;<a href="https://www.facebook.com/abdoulayesacou.faye?fref=mentions">Abdoulaye Sacou Faye</a>&nbsp;m'ont fait écouter dans leur studio l'intégralité de son intervention avant de m'interviewer en direct dans leur édition spéciale de SudFM midi, la première radio privée et libre au Sénégal.&nbsp;<br />
A ma sortie des studios de Sud Fm je suis allé à la rédaction de Sud Quotidien pour une autre interview en compagnie de mes amis et frères Grand Demba Ndiaye,&nbsp;<a href="https://www.facebook.com/latif.coulibaly.56?fref=mentions">Latif Coulibaly</a>, Bocar Niang, Mamadou Mika Lom, feu Mame Ollé Faye (MOF) et Abda Wone jeune stagiaire à Sud Quotidien à l'époque. Avant que je termine mes adieux on me passa un téléphone pour me dire qu'il y a quelqu'un qui voulait me parler. De l'autre bout du fil j'entends une voix familière qui me demandait: "C'est bien Kaaw?". J'ai répondu oui c'est moi. Et elle enchaine en pulaar: " Ko miin Jibo Kah no mbađđaa?"( C'est moi Djibo Kâ, comment vas-tu?). Après les salamalecs de politesse il me dit d'une voix grave et indignée: " Kaaw, vous avez tout notre soutien et solidarité dans cette épreuve et nous nous insurgeons contre cette décision arbitraire du gouvernement. Vous n'êtes pas des bandits, ni des voleurs mais des vrais combattants de la liberté et vous méritez le respect de tous les démocrates, gouvernements et dignes fils de l'Afrique". Il me prodigua quelques conseils en tant que ainé, oncle mais aussi comme Homme d'état et m'a prié de garder le contact et de lui donner de mes nouvelles et la suite du dossier. Ce sont ces mots et cette voix qui me sont revenus hier lorsque j'ai appris en direct par la voix du président Abdoulaye Makhtar Diop l'annonce de son décès.&nbsp;<br />
Djibo Kâ était un noble au vrai sens du terme et il symbolisait le "pulaagu" dans la geste pulaar, le mythe du héros, le courageux, le généreux et le digne. Il pouvait être un incompris mais c'était un homme de foi et de convictions profondes, un fin politicien avec une "analyse concrète d'une situation concrète" comme bréviaire pour dévaliser Lenine. Un républicain jusqu'à la moelle, attaché au droit et aux vertus africaines. L'homme qui secoua les racines du baobab PS en 1996 et permis l'alternance démocratique au Sénégal en 2000 était un grand Homme d'État, un panafricaniste convaincu, un pullo fier et un patriote sincère.<br />
A notre soeur et amie&nbsp;<a href="https://www.facebook.com/siradjims?fref=mentions">Sira Ka</a>&nbsp;et toute la famille toute notre compassion, au peuple sénégalais nos condoléances les plus attristées.<br />
Pullo wirniima kono jaambaraagal makko e golle makko majjataa haa bada. A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons.</p>

<p>Yo Alla yurmo mo yaafo mo. Yo Alla haarnu mo aljanna. Aamiin!<br />
Et la lutte continue!<br />
Kaaw Touré.</p>