Le Sénat mauritanien, chambre haute du Parlement bicaméral, a examiné et adopté à une large majorité, lors d’une séance plénière qui s’est déroulée mardi soir, une proposition relative à la constitution d’une commission d’enquête sur les marchés publics attribués dans le pays au cours des 5 dernières années.
La constitution de cette commission sénatoriale est le résultat d’une proposition du sénateur de Tevragh-Zeina, Mohamed Ould Ghada. Cet élu est particulièrement actif dans le combat des membres de la chambre haute du Parlement.
Ceux-ci luttent contre un projet de révision constitutionnelle du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui divise profondément la classe politique et la société mauritanienne et qui prévoit notamment la suppression du Sénat.
Cette commission devrait mener une enquête sur la procédure d’attribution de plusieurs marchés publics dont certains ont été au centre d’une vive polémique au cours des dernières années, selon plusieurs sources concordantes.
Ces marchés n’ont pas été cités de manière explicite. Cependant, de nombreux observateurs rappellent «l’opacité» qui a entouré l’adjudication du marché de la réalisation de l’aéroport international "Oum Tounsy" de Nouakchott, à un consortium privé national «Najah Network».
En panne de liquidités pour poursuivre les travaux de cette infrastructure lourde en 2013, cette entreprise, qui n'avait aucune expertise en la matière, avait bénéficié d’un prêt de 50 millions de dollars de la Société nationale industrielle et minière (SNIM). Un procédé vivement dénoncé à l’époque par l’opposition mauritanienne.
La thèse du gouvernement, plutôt avare de confidences sur le sujet, renvoie à la réalisation de ce nouvel aéroport, dont le coût n’est pas connu de l’opinion publique jusqu'à présent, par la formule du contrat de Partenariat public-privé (PPP).
Mais le hic, c’est qu’au moment de l’attribution du marché, la Mauritanie n’était pas encore dotée d’un cadre juridique pour les contrats PPP, lequel n’a été acté qu’au cours de ces derniers mois.
Parmi ces marchés à polémique figurent également la réalisation de la centrale électrique duale de 180 mégawatts de Nouakchott, le canal d’irrigation de Keur Macene (sud-ouest), les poteaux pour la fourniture de l’énergie solaire à Nouakchott et une série de marchés de gré à gré pour la mise à niveau de la voirie urbaine de Nouakchott dans le cadre des préparatifs de l'accueil du sommet de la Ligue arabe de juillet 2016.
Reste à savoir cependant, si les sages peuvent bénéficier de la collaboration des services de l’Etat pour mener toutes les investigations nécessaires à la manifestation de la vérité.
Par notre correspondant à Nouakchott Cheikh Sidya