Pouvoir: L’édifice se lézarde encore! | Mauriweb

Pouvoir: L’édifice se lézarde encore!

sam, 03/06/2017 - 01:39

Il y eut déjà la fronde des sénateurs. Le limogeage manu militari du chef d’état-major particulier du président. Mais cette semaine, deux grosses pointures du régime sont encore évincées. Sans ménagement. Le régime va mal. Très mal. L’ambiance politique délétère n’augure pas de lendemains qui chantent !

 Vu de l’extérieur le navire du président prend de l’eau. L’édifice construit depuis près d’une dizaine d’années par le président Aziz fait montre de signes d’un essoufflement total. Aucun subterfuge ne semble plus pouvoir conjurer l’inexorable implosion. Le puzzle qui a servi, jusqu’ici,  à maintenir un semblant de cohésion s’écroule, jour après jour, sur les assauts répétés d’une crise politique multiforme et surtout une paupérisation de plus en plus insoutenable pour des populations stoïques devant l’adversité.  Le régime n’en est que plus nerveux et reste certainement près à tout pour conserver sa mainmise en s’accrochant au dernier levier du gouvernail qui tangue dans tous les sens.

 

Un entêtement démesuré!

Depuis le discours de Néma et le vote le 17 mars 2017 de l’écrasante majorité des sénateurs contre les amendements constitutionnels, beaucoup de ressorts ont cassé dans le camp de la majorité présidentielle. Une majorité dont les élus, notamment les sénateurs, voués par le président à la dérision d’un harakiri politique, tentent encore de  faire valoir les prérogatives que leur confère leur statut en s’opposant légalement, et à tous les échelons, à leur mise à mort par celui qu’ils ont, un jour, fait roi.

Une ambiance de querelle viscérale phagocyte le régime désemparé face à tant d’aléas insoupçonnés. La plus illustre de ces manifestations semble être le limogeage la semaine dernière d’hommes du sérail : le ministre secrétaire général de la présidence, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf et Mrabih, ADG de l’agence national des registres sécurisés d’état-civil. Si le sort du second reste encore un mystère, la déconvenue du premier s’expliquerait. Elle ressemble, sans doute, à un « arbitrage » du président en faveur de l’ennemi juré du premier Ministre, Yahya Ould Hademine. Les faits prêtent, dans cette affaire, à collision. En effet, le limogeage de l’ancien premier Ministre, Dr Moulaye Ould Mohamed Lagdaf, intervient à la suite d’une tournée de Ould Hademine dans son fief. Les « opposants de l’intérieur » avaient sur le terrain brillé par le rejet du premier ministre en exercice. Une opportunité pour la «victime» de faire valoir l’irrédentisme de son prédécesseur pour saboter une mobilisation dont le seul mobile est de raccommoder le cordon de la bourse avec le régime au prix d’un retour à la litanie de l’impossible 3ème mandat présidentiel.

La seule éventualité qui rassemble aujourd’hui, l’Opposition, dans toutes ses manifestations, dans son combat contre le régime en place.

Le président Mohamed Ould Abdelaziz qui gère le pays depuis une dizaine d’années d’une main de fer se doute qu’à trop tirer sur la corde, il risque de la sectionner. Il a donc envoyé au charbon, Yahya Ould Hademine dont l’échec a tout simplement été expliqué par l’attitude antinomique de Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. La cause de Ould Hademine était ainsi entendue sur ce registre. Ould Mohamed Laghdaf  aurait appris sa démission avant même d’arriver au palais ocre où se situe son bureau. Ce fut aussi le procédé suivi, quelques semaines plus tôt, avec l’ancien chef d’état-major particulier du président, Ould Maouyouf.

L’autre grande surprise a concerné l’inamovible ADG de l’agence nationale des titres sécurisés d’état-civil. Un limogeage resté un mystère entier. On savait l’homme décrié par nos compatriotes négromauritaniens qui l’accusent de leur mettre les bâtons dans les roues. Mais ce n’est certainement pas la raison qui explique son désaveu lorsqu’on sait qu’il a toujours agi suivant les humeurs du président lui-même. Que lui reproche alors Aziz pour le jeter en dehors de l’échiquier?

En l’état actuel des choses et face à une situation économique intenable, le pouvoir s’effrite aussi politiquement.  Des voix s’élèvent, en effet, ces derniers temps de la Coupole du Parlement pour réclamer des investigations afin de retracer les sources de financement de la fondation «Er-Rahma», de faire la lumière sur les marchés de gré-à-gré consentis à certaines entreprises soupçonnées proches du régime et  alors que le premier Ministre, Yahya Ould Hademine, est invité à une question orale sur sa gestion "tribalisée" des affaires publiques.

Une ambiance de déjà vu à la veille de la destitution de l’ancien président démocratiquement élu, Sidi Ould Cheikh Abdellahi. L’histoire va-t-elle encore bégayer?

J.D