Ils rentrent les uns après les autres de leur ruée vers l’or, et pas bien fiers, les quelque 16 000 orpailleurs amateurs qui, en avril, avaient fondu sur la région de Tijirit, à quelques centaines de kilomètres de Nouakchott.
Peut-être inspirés par des rumeurs venues des géologues des sociétés minières Kinross ou Algold et mal interprétées par des têtes enfiévrées, ils avaient apporté deux photos d’identité et payé 100 000 ouguiyas (environ 250 euros) pour avoir le droit de gratter la roche et le sable pendant quatre mois.
Ensuite, il leur a fallu acheter un détecteur de métaux, dont le prix variait de 200 (les faux) à 4 000 euros (les efficaces). La demande de ces matériels était si forte que, le 25 avril, l’avenue Charles-de-Gaulle, à Nouakchott, fut complètement embouteillée en raison de la marée automobile partie à l’assaut des boutiques spécialisées ouvertes par des petits malins.
Puis ils ont dû acquérir des 4 × 4 pourris, des pelles, des tentes et des provisions. Ils ont mis le cap au nord-est, vers cet eldorado où les petits malins cités plus haut leur disaient qu’« il suffit de se baisser pour faire fortune ».
En fait de fortune, les plus chanceux ont déniché quelques onces d’or qui ont à peine remboursé les frais engagés. Certains, qui ont englouti tous leurs biens dans ce mirage, sont devenus fous, dit-on.
Comme en Californie puis au Klondike au XIXe siècle, il était sacrément difficile, même pour des gens sensés, de résister à une telle poussée de fièvre… Aujourd’hui, il reste une centaine de détecteurs en rade dans le hangar sous douane du nouvel aéroport de Nouakchott. Personne ne les réclame.
Alain Faujas (Jeune Afrique)