Le gouvernement a nommé Mme Hindou Gueye au poste de Secrétaire Générale du Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNPT) à l’issue de sa réunion hebdomadaire du jeudi 20 octobre, annonce un communiqué du Conseil des Ministres.
Journaliste de profession, la nouvelle Secrétaire Générale du Mécanisme National de Prévention de la torture était jusqu’à sa nomination Directrice Générale Adjointe de Radio Mauritanie, un organe public.
Placé sous l’autorité du premier Ministre, le MNPT est une nouvelle institution dont la création apparaît comme la suite logique de l’évolution de la législation pénale nationale par rapport au phénomène de la torture.
La Mauritanie a ratifié le protocole facultatif se rapportant à la convention contre la Torture (OPCAT) en octobre 2012.
Début 2016, le parlement a adopté une nouvelle loi intégrant dans la législation pénale nationale la pratique de la torture comme «crime contre l’humanité ».
Les autorités de Nouakchott ont par la suite annoncé la création d’un mécanisme national de prévention du phénomène.
La nomination de Mme Hindou Gueye, fille de Tène Yousouf Gueye, un célèbre poète mort du fait de mauvaises conditions de détention en 1988, dans les geôles du régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, intervient quelques jours avant l’arrivée à Nouakchott d’une délégation du sous comité pour la Prévention de la Torture (SPT), un mécanisme indépendant des Nations Unies (ONU).
L’objectif de cette mission est « d’évaluer les efforts déployés par le gouvernement en vue de la mise en place d’un organe opérationnel indépendant chargé de surveiller les lieux de détention ».
En dépit d’une volonté politique proclamée à plusieurs reprises, la lutte contre la torture reste un énorme défi en Mauritanie.
Ce pays traîne encore comme un boulet un passif humanitaire d’une trentaine d’années suite à de multiples exécutions extrajudiciaires.
En plus du poids de l’histoire, les derniers développements sur le traitement de la question de la torture incitent encore à la prudence.
En effet, lors d’un procès de militants antiesclavagistes au mois d’août dernier, une cour criminelle s’est déclarée « incompétente à statuer sur des cas de tortures » allégués par ces détenus, malgré une plainte des avocats et en dépit de la nouvelle législation.
Le Calame