Le PIB de la Mauritanie serait passé de 700 milliards d’ouguiyas à plus de 1600 milliards d’ouguiyas entre 2008 et 2016. Toutefois, ce bilan de l’ère Aziz ne s’est pas traduit par une amélioration des conditions de vie des Mauritaniens
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La sortie ce vendredi du Premier ministre mauritanien Yahya Ould Hademine, au cours d’une rencontre avec les ordonnateurs de budget des différents départements ministériels, organisée au Centre international des conférences de Nouakchott, n’est pas passé inaperçue. Si globalement elle est perçue
comme une réponse aux critiques du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), principal parti d’opposition, après la publication de celui-ci d’un document dressant un tableau sombre de l’économie du pays, les chiffres présentés par le gouvernement suscitent plutôt des interrogations.
Selon le Premier ministre, le Produit intérieur brut (PIB) de la Mauritanie a connu une forte croissance entre 2008 et 2016, passant de 700 milliards d’ouguiyas (2 milliards de dollars) à 1600 milliards d’ouguiyas (4,6 milliards de dollars). En clair, le pays a plus que doublé sa valeur ajoutée annuelle depuis la prise du pouvoir par Mohamed ould Abdelaziz, le 06 août 2008, en renversant Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
Une situation loin d’être ressentie réellement par les Mauritaniens dans leur écrasante majorité. La pauvreté tend à gagner du terrain et le nombre de diplômés chômeurs ne cesse de croître.
Autre chiffre attestant de grands progrès accomplis par l’économie du pays, l’évolution du budget de l’Etat qui a presque doublé passant de 240 milliards d’ouguiyas en 2008 à 460 milliards d’ouguiyas actuellement. Mieux, le budget dédié à l’investissement à plus que quadruplé en passant de 32 milliards d’ouguiyas à 124 milliards d’ouguiyas pendant la période de référence.
Et selon le Premier ministre, «toutes ces réalisations sont le fruit de la mise en œuvre d’une politique rationnelle et sage, menée sur la base d’une prise de conscience que la gabegie et la mauvaise gestion sont de véritables obstacles au développement».
Pour rappel, dans son document, le RFD avait souligné que le gouvernement avait engrangé entre 2008 et 2014 des recettes évaluées à 17,24 milliards de dollars grâce au niveau élevé des cours.
Le RFD s’interroge sur la réelle affectation de cette manne, en rapport avec la situation d’un pays croulant sous «une pauvreté endémique, une ÿambée vertigineuse des prix, une étatisation poussée et anarchique de l’économie, une dégradation du climat des affaires et une dévaluation de la monnaie
nationale».
Dans le sillage de ces tares, avec un taux d’endettement de 85% du PIB, selon Coface, le niveau de la dette du pays suscite également de vives inquiétudes au sein de l’opposition mauritanienne.
Le 24/09/2016 Par notre correspondant à Nouakchott Cheikh Sidya (Le 360.ma)