Plusieurs opposants mauritaniens ont dénoncé cette semaine des appels de responsables du pouvoir favorables à une modification constitutionnelle permettant un troisième mandat du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
Un député de l'Union pour la République(UPR, au pouvoir), Khalil Ould Tiyeb, a évoqué mardi, lors d'une séance du dialogue national lancé le 29 septembre (boycotté par une partie de l'opposition), une levée de la disposition constitutionnelle sur la limitation des mandats pour permettre au président mauritanien d'en briguer un troisième.
M. Ould Tiyeb a fait un parallèle avec la demande de partis d'opposition, participant à ce dialogue national, de prolonger l'âge limite pour être candidat à la présidence de la République, fixé actuellement à 75 ans.
"Le déverrouillage de ces articles (de la Constitution) concernant l'âge du président doit s'étendre également à ses mandats" limités à deux par la Constitution, a dit M. Ould Tiyeb.
Des partis d'opposition ont dénoncé ces propos comme une "manœuvre" du pouvoir pour revenir sur la limitation des mandats. Cette question "ne figure pas à l'ordre du jour convenu", a répliqué durant les travaux Mohamed Lemine Ould Naty, un responsable du l'Alliance populaire progressiste (APP, opposition modérée) qui participe au dialogue.
Depuis l'annonce par le président Aziz de son projet de révision constitutionnelle début 2016, l'opposition a mis en garde contre les "desseins inavoués qui sont derrière le tripatouillage constitutionnel envisagé par le pouvoir".
Le Rassemblement des forces démocratiques (RFD, opposition) et le Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU), qui regroupe une quinzaine de partis d'opposition, ont décidé de ne pas participer à ce dialogue national qu'ils qualifient de "monologue sans objet".
Le président du parti islamiste Tewassoul, Jemil Ould Mansour, a affirmé mercredi à la presse que le FNDU "ne saurait prendre part à une mascarade dans laquelle l'idée d'un changement de mandats présidentiels peut être évoquée".
Les propositions de l'UPR à ce dialogue national, qui doit durer une dizaine de jours, contenues dans des documents officiels consultés jeudi par l'AFP, ne mentionnent pas la question du nombre de mandat présidentiel.
Les amendements constitutionnels inscrits à l'ordre du jour de cette réunion comprennent notamment la création de Conseils régionaux élus pour remplacer le Sénat et d'un poste de vice-président de la République.
Le président Aziz, qui aura 60 ans en décembre, a récemment déclaré à la presse qu'il respectera son serment dans lequel il s'engage à "ne rien faire" pour changer le nombre de mandats.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008, le président Aziz, un ancien général, a été élu en 2009, puis réélu en juin 2014 pour un second mandat de cinq ans.
VOA Avec AFP via cridem