Si l’on se place du point de vue de la loi sur la liberté de presse on a l’impression ladite liberté de est garantie en Mauritanie mais si l’on se place du point de vue des faits l’on se rend compte qu’il en est rien. C’est cela qui ressort en substance du rapport 2015 de l’Association mauritanienne des droits de l’homme (AMDH). L’article 2 ordonnance de 2006 « Le droit à l’information et la liberté de la presse corollaire de la liberté d’expression, sont des droits inaliénables du citoyen », rappelle l’AMDH mais dans les faits les autorités s’arrangent pour maintenir la presse dans un état végétatif.
Comment les autorités s’y prennent-elles ? Au moyen de l’interdiction faite aux entreprises étatiques de passer des contrats publicitaires d’avec les médias privés, dénonce en substance l’AMDH. Ensuite par le refus de remplir correctement le devoir d’aide à la presse privée qu’elles se sont fixé, dit en filigrane l’Association mauritanienne.
Et enfin par l’adoption des lois qui ont tendance à rendre quasi-nulles la dépénalisation de la presse : «La dépénalisation du délit de presse s'est produite en 2006, dès lors aucun journaliste ne peut, en théorie, être condamné pour ses écrits, néanmoins dans certains cas d'espèce, les journalistes peuvent être poursuivis par le procureur sous un chef d'inculpation qui ignore la loi sur la presse, de ce fait les journalistes ne sont, non pas condamnés pour diffamation, mais pour atteinte à l'honneur.
L'atteinte à l'honneur est plus sévèrement réprimée que la diffamation, l'atteinte à l'honneur est passible d'une peine de cinq ans de prison», écrit l’AMDH dans son rapport 2015. «Ce non-respect de la loi par les instances judiciaires est vécu par les journalistes comme une pression permanente dans leurs choix de publications, en avril 2016 deux journalistes ont été incarcérés puis libérés sur décision du procureur», conclut l’Association mauritanienne des droits de l’homme.
Quant aux médias publics ils sont conviés à se faire l’écho du discours officiel, affirme en substance l’Association. Pour étayer son propos elle cite l’exemple de ce journaliste de média public qui «une fois, lors d'une chronique, a évoqué le simple nom d'un opposant politique, et qui a été immédiatement convoqué par sa hiérarchie qui l'a menacé de licenciement s’il recommençait». Décidément en matière de liberté de presse, il reste beaucoup de chemin à faire pour la Mauritanie.