Le Président Ghazouani préside la deuxième session du Conseil supérieur d’orientation stratégique du gouffre financier “Taazour” | Mauriweb

Le Président Ghazouani préside la deuxième session du Conseil supérieur d’orientation stratégique du gouffre financier “Taazour”

ven, 14/03/2025 - 09:26

Le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a présidé ce jeudi, au palais présidentiel à Nouakchott, la deuxième session du Conseil supérieur d’orientation stratégique de la Délégation générale à la solidarité nationale et à la lutte contre l’exclusion, “Taazour”.

Lors de cette réunion, le délégué général de “Taazour”, Cheikh Ould Boda, a présenté un bilan détaillé des activités de la délégation sur la période 2020-2024. Les grandes lignes des orientations stratégiques, les priorités du plan pluriannuel et le programme annuel des activités pour 2025-2029 ont également été examinés.

À l’issue des délibérations, le plan d’action proposé a été adopté. Le Président de la République a souligné plusieurs orientations clés, parmi lesquelles : Renforcer le soutien à “Taazour” pour la mise en œuvre de ses missions ; Optimiser l’utilisation des ressources pour garantir leur efficacité ; Améliorer la coordination entre “Taazour” et les ministères concernés ; Rapprocher les services de la délégation des bénéficiaires ; Lancer des projets de grande envergure dans les zones vulnérables, notamment dans l’agriculture, l’élevage et la pêche, afin de stimuler le développement économique et de créer des emplois ;  Encourager l’évolution des mentalités et la restructuration des villages ; Renforcer la concertation avec les acteurs locaux ; Mettre à jour régulièrement les mécanismes du registre social.

Le Conseil supérieur d’orientation stratégique est l’instance supervisant la gestion de la délégation “Taazour”. Il est chargé de définir les axes prioritaires du plan pluriannuel, de valider les programmes d’investissement et les budgets alloués, ainsi que d’évaluer annuellement la performance de la délégation à travers des rapports d’évaluation. Il émet également les directives nécessaires pour garantir l’atteinte des objectifs de développement assignés à “Taazour”.

Taazour : un gouffre financier aux résultats dérisoires

Depuis sa création, la mégagence Taazour, censée incarner la volonté des autorités mauritaniennes de lutter contre la pauvreté et l'exclusion, s'est vue attribuer des moyens financiers colossaux. Pourtant, son bilan est loin d'être à la hauteur des attentes, et ses actions ressemblent davantage à un saupoudrage inefficace qu'à une stratégie de développement réellement structurante.

Des financements massifs pour des résultats invisibles

Avec un budget de plus de 200 milliards d'anciennes ouguiyas sur cinq ans, Taazour bénéficie de ressources exceptionnelles. Cette manne financère aurait dû permettre des transformations profondes et durables pour les populations les plus vulnérables. Or, en dehors de distributions sporadiques d'aide alimentaire et d'opérations de communication bien rodées, les effets concrets sur le terrain restent difficiles à percevoir.

L'opération Ramadan : une aide illusoire aux prix discutables

Chaque année, Taazour organise une "opération Ramadan" présentée comme une bouée de secours pour les familles démunies. En réalité, cette action se révèle souvent inefficace, voire contre-productive. Les produits vendus dans les boutiques dites "solidaires" sont parfois plus chers que ceux du marché classique, et lorsque leur prix est inférieur, la différence est tellement négligeable qu'elle ne change rien à la précarité des bénéficiaires. Loin d'être une véritable réduction du coût de la vie, cette opération semble surtout servir de vitrine politique.

Une carte d'approvisionnement numérique : du modernisme cosmétique ou un rationnement déguisé ?

Dans sa dernière "innovation", Taazour vient d'introduire une carte d'approvisionnement numérique, censée "faciliter l'accès aux produits de base". Cette démarche cache mal une réalité troublante : la mise en place progressive d'un système de rationnement. Au lieu d'agir sur les causes profondes de la pauvreté et d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, l'agence se contente de distribuer de manière limitée des denrées essentielles à une partie ciblée de la population. La démarche relève plus du contrôle social que d'une véritable stratégie de lutte contre l'exclusion.

Des projets structurels inexistants

Malgré les annonces officielles, les grandes réalisations de Taazour dans les domaines agricoles, de l'élevage ou encore des infrastructures de base restent anecdotiques. Les projets qui auraient pu avoir un impact significatif sur les communautés rurales et les populations vulnérables tardent à voir le jour ou sont menés de manière si opaque que leur efficacité est impossible à mesurer.

Un échec patent masqué par la propagande

Taazour semble avant tout une machine de communication destinée à donner l'illusion d'une action sociale efficace. Ses annonces ronflantes contrastent avec le quotidien des Mauritaniens les plus pauvres, qui peinent à voir la moindre amélioration de leur condition. L'absence de contrôle indépendant et de véritable audit sur l'impact de ses interventions pose la question de la transparence et de la réelle utilité de cette structure.

Alors que le président Ghazouani continue de soutenir l'agence, il est légitime de s'interroger sur l'opportunité de continuer à déverser des milliards dans un organisme qui peine à prouver son efficacité. Plutôt qu'une distribution hasardeuse de ressources, la Mauritanie a besoin d'une véritable politique sociale structurée et transparente, axée sur la création d'emplois et le renforcement des services de base. Taazour, en l'état, est loin de remplir cette mission.