Le Ministère des Affaires étrangères clarifie la position mauritanienne sur les expulsions de migrants | Mauriweb

Le Ministère des Affaires étrangères clarifie la position mauritanienne sur les expulsions de migrants

mar, 11/03/2025 - 14:15

Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Mauritaniens de l’étranger a publié, dimanche dernier, un communiqué officiel concernant la gestion des questions migratoires par la Mauritanie. Ce document intervient en réponse aux « amalgames » et à la « désinformation » relayés ces derniers jours sur les réseaux sociaux, suite à l’expulsion de migrants en situation irrégulière vers leurs pays d’origine.

Une réponse aux rumeurs et une défense de la démarche étatique

Dans son communiqué, le ministère réaffirme que les récentes mesures d’expulsion de migrants clandestins s’inscrivent dans le strict respect des lois nationales et des engagements internationaux de la Mauritanie. Il dénonce vigoureusement les « allégations infondées » circulant en ligne, qualifiant ces discours de « manipulations visant à semer la confusion » sur la politique migratoire du pays.

Le texte souligne que les opérations menées par les autorités mauritaniennes sont conformes aux procédures légales et s’appuient sur des accords bilatéraux ou multilatéraux avec les pays concernés. « Aucune expulsion n’est effectuée de manière arbitraire », insiste le ministère, rappelant que chaque cas fait l’objet d’un examen individualisé, en collaboration avec les ambassades et organisations partenaires.

Coopération régionale et respect des droits humains

Le communiqué met en avant les efforts de la Mauritanie pour équilibrer ses responsabilités en matière de sécurité frontalière et son attachement aux droits des migrants. Le pays, explique-t-il, œuvre en synergie avec ses voisins du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’avec des institutions comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), pour garantir des retours « volontaires, sécurisés et dignes ».

Par ailleurs, le ministère rappelle les initiatives humanitaires déployées localement, notamment l’assistance médicale et sociale fournie aux migrants avant leur rapatriement. Il rejette catégoriquement les accusations de traitements inhumains, affirmant que ces opérations s’accompagnent systématiquement d’un dialogue avec les pays d’origine et les instances internationales.

Appel à la vigilance face aux fausses informations

Face à la viralité des contenus trompeurs, le ministère exhorte les citoyens et les médias à « privilégier les sources officielles » et à éviter la diffusion de rumeurs. « Les réseaux sociaux ne doivent pas servir de caisse de résonance à des agendas politiques ou à des narrations partiales », peut-on lire dans le document, qui appelle à une couverture « responsable et équilibrée » de ces questions sensibles.

En conclusion, le texte réitère l’engagement de la Mauritanie en faveur d’une approche « solidaire et pragmatique » des défis migratoires, tout en condamnant fermement le trafic d’êtres humains et l’immigration clandestine. Le ministère annonce par ailleurs la tenue prochaine de consultations régionales pour renforcer les mécanismes de coopération en la matière.

Voici le texte intégral dudit communiqué:                

” Depuis quelques jours, un pan important de l’opinion publique mauritanienne est gagné par un débat autour d’un sujet à la fois crucial et complexe, à savoir : La question migratoire.

Les intervenants, dans ce débat, qui s’expriment, à travers des commentaires et analyses, souvent, par méconnaissance de la complexité humaine inhérente à cette situation, se manifestent, quelquefois, à dessein non dépourvu, hélas, de malveillance.

Sur ce sujet, on a pu relever, çà et là, la diffusion d’une foule d’informations, où se mêlent l’amalgame, le confusionnisme, l’alarmisme, l’intoxication et la surenchère.

Les milieux qui se sont livrés à la propagation de ces informations confondent trois aspects migratoires, de registres et de statuts différents, tant vis-à-vis de la réglementation qu’à l’égard des principes et usages, s’appliquant, distinctement à chacun des trois cas.

Conscient de l’intérêt du principe même du débat, le Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération africaine et des Mauritaniens de l’étranger tient à préciser ce qui suit :

La Mauritanie connait trois types de migration, en provenance, en grande partie, des pays voisins.

– Une migration régulière ;

– Une migration de réfugiés ;

– Une migration irrégulière.

La Mauritanie accueille d’ores et déjà des ressortissants des pays voisins du Nord et du Sud, dont certains sont des réfugiés et d’autres des migrants traditionnels. Le statut de ces deux catégories de ressortissants est régi par une réglementation bilatérale et/ou internationale. Ces ressortissants sont, chacun en fonction de sa spécificité, considérés comme des résidents réguliers, bénéficiant, à la lumière du titre de séjour, dont ils sont détenteurs, de tous les droits, dans leur seconde patrie, qu’est la Mauritanie.

Il y a lieu de rappeler, ici, que notre pays et l’ensemble des Etats voisins, au Nord et au Sud partagent le même environnement, où, au fil des âges et des générations, la mobilité des populations ne s’est jamais arrêtée d’un pays vers l’autre. Car nos pays partagent, au-delà, de cet espace géographique, des liens de sang, des références historiques communes, des cultures plurielles pétries par un islam sunnite et tolérant.

Et, c’est en pleine conscience de cet héritage historique, culturel, religieux et sociologique que la Mauritanie a toujours œuvré, sans relâche, contre vents et marées, à sauvegarder, enraciner et développer les liens d’amitié, de fraternité et de bon voisinage.

Toutefois, la question de la migration irrégulière constitue un phénomène contemporain, qui, sans maitrise, risque de saper ce climat mutuel d’hospitalité et de quiétude entre les populations des pays liés par une histoire commune, transcendant toute territorialité.

Aujourd’hui, la migration irrégulière a pris des proportions, qui ne servent ni le pays de transit, ni le pays d’accueil final, encore moins le pays source. Car, elle porte, et dissimule, souvent, sous son flanc, d’autres défis sécuritaires, de trafics de toutes sortes, y compris humains. Tout comme, elle affecte et complique le bon fonctionnement de la migration régulière même.

Avec les pays voisins, nous n’avons cessé de travailler de concert, pour que la mobilité de nos populations puisse continuer à s’opérer d’un pays vers l’autre, dans un climat de fraternité et d’hospitalité réciproque, qui ne s’est jamais entamée.

Dans ce cadre, la Mauritanie a déployé un effort important pour permettre, à titre d’exemple, aux ressortissants ouest-africains de régulariser leur situation de séjour par l’obtention de cartes de résidents suivant des procédures simplifiées. Il est fort regrettable que le renouvellement annuel de cartes de séjour ne s’est pas toujours fait, par une grande partie des migrants les exposant, de facto, à une situation d’illégalité.

Aux côtés de ses pays frères, la Mauritanie réitère sa volonté à privilégier une migration régulière, sûre et ordonnée. La Mauritanie réaffirme son engagement, en faveur de la lutte, sans concession, contre les flux migratoires irréguliers, ainsi que les réseaux associés.

La Mauritanie reste, alors, cette terre d’accueil de toujours, pour les ressortissants étrangers, en situation régulière, en particulier, ceux, en provenance des pays voisins. C’est un principe fondamentalement inébranlable, parce que si fortement ancré et nourri par un héritage commun, fait de brassage et de partage mutuels.

Nouakchott, le 09 mars 2025″