Depuis l’adoption de la Convention des Nations-Unies contre la corruption, en 2003, la Journée internationale de lutte contre la corruption est célébrée chaque année, dans le monde entier, le 9 décembre. A cette occasion l’Organisation pour une Transparence Globale vient de distribuer des prix sur le journalisme d’investigation, dans le cadre de sa deuxième édition.
Ainsi, dans la catégorie des institutions de presse, le journal Le Quotidien de Nouakchott a remporté un prix pour une enquête écrite portant sur l'attribution du contrat du projet IDINI.
Pour rappel, le projet IDINI, destiné à sécuriser l'approvisionnement en eau de Nouakchott après une panne majeure, avait fait l'objet de controverses liées à des tentatives de manipulation lors de l'attribution du marché public. Malgré l'élimination justifiée de la société égyptienne AMSC pour non-conformité technique, des fonctionnaires influents auraient tenté de la repêcher en falsifiant des documents. Ce scandale avait mis en lumière des réseaux de corruption impliquant des figures clés de l'administration mauritanienne, menaçant la crédibilité du projet et la confiance des bailleurs de fonds.
Les résultats de la deuxième édition de ce concours ont été dévoilés lundi soir, mettant en avant des travaux journalistiques d'envergure dans le domaine de la transparence et de la lutte contre la corruption.
Une enquête sur les projets routiers
Le rédacteur en chef de l’Agence Al-Akhbar indépendante, Ahmed Mohamed El Moustapha a remporté le prix du concours de journalisme d'investigation dans la catégorie des journalistes écrivains pour son enquête intitulée « Les routes de Ghazouani : plus de 210 milliards pour 30 projets entre retard et arrêt ». Il partage cette distinction avec un rapport du journaliste Mohamed Lemine Mohamed El Mamy, consacré aux incendies dans les pâturages.
L'enquête d'El Moustapha s'est distinguée par son analyse approfondie de l'allocation de plus de 210 milliards d'ouguiyas anciennes à des projets routiers ou connexes durant le premier mandat du président Mohamed Cheikh El Ghazouani. Elle révèle que de nombreux projets sont caractérisés par un faible taux d'exécution, avec des dépassements de délais allant jusqu'à 400 % pour certains d'entre eux.
Les autres lauréats
Le concours a également récompensé plusieurs autres participants :
Dans la catégorie des enquêtes visuelles, la société MBT a été primée pour un reportage sur la corruption dans l'enseignement supérieur.
Dans la catégorie des blogueurs, le prix a été attribué à Ahmed Salem Ould Toueiv.
Dans la catégorie des créateurs de contenu, l'acteur Hamada Sidaty a été distingué.
Une célébration de la transparence
La remise des prix a eu lieu lors d'une cérémonie organisée pour marquer la Journée mondiale de lutte contre la corruption. L'événement a réuni des figures politiques, des personnalités de la société civile, des journalistes et des blogueurs, témoins d'un moment fort dans la reconnaissance du journalisme d'investigation en Mauritanie.
L'enquête qui a primé cette kyrielle de journalistes s'inscrit dans une série de rapports explorant les dysfonctionnements de 65 projets publics, pour un financement global dépassant les 390 milliards d'ouguiyas anciennes.
Ces distinctions mettent en lumière le rôle crucial du journalisme d'investigation dans la société mauritanienne. Elles constituent un appel à renforcer les efforts pour promouvoir la transparence, la responsabilité publique et la lutte contre la corruption, des éléments fondamentaux pour un développement durable et équitable.