Cinquième Assemblée Générale de l’Alliance Sahel/Berlin : Déclaration conjointe de l’Alliance Sahel | Mauriweb

Cinquième Assemblée Générale de l’Alliance Sahel/Berlin : Déclaration conjointe de l’Alliance Sahel

mer, 17/07/2024 - 22:04

L’Alliance Sahel (l’alliance internationale de développement pour le soutien au Sahel) vient de tenir sa cinquième assemblée générale à Berlin, qui a clôturé ses travaux, le 16 juillet courant. Présidente de l’Alliance, la ministre de la Coopération économique et du Développement Svenja Schulze avait invité des représentantes et représentants des 27 membres et observateurs de l’Alliance ainsi que des pays du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Pour la première fois, des organisations non gouvernementales du Sahel sont aussi impliquées.

A l’issue de cette Assemblée Générale, voici, en point d’orgue, la déclaration dite « Déclaration conjointe de l’Alliance Sahel » :

À l’invitation de la ministre fédérale allemande de la Coopération économique et du Développement, S.E. Svenja Schulze, nous, les représentants des membres de l’Alliance Sahel, nous sommes réunis à Berlin le 16 juillet 2024 pour tenir la cinquième Assemblée générale de l’Alliance Sahel. Conscients des problèmes complexes auxquels est confrontée la région du Sahel, nous réaffirmons notre engagement commun à traiter conjointement les priorités de la région en matière de développement, liées aux défis interdépendants des conflits, de gouvernance, du changement climatique et de la désertification.

Nous sommes particulièrement préoccupés par l’exacerbation des menaces qui pèsent sur la sécurité, notamment le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, par la situation des droits humains et de l’espace civique et par la détérioration de la situation humanitaire, notamment l’augmentation de l’insécurité alimentaire et le nombre de personnes déplacées de force. Dans ce contexte, il est essentiel de travailler de manière transversale sur le nexus paix[1]humanitaire-développement, de favoriser la cohésion sociale, de renforcer la participation des citoyens et les droits humains, et de lutter contre la désinformation pour atteindre les objectifs de développement durable. Malgré la complexité de la situation dans la région, nous exprimons notre volonté de poursuivre notre engagement à long terme en faveur des populations des pays du Sahel.

 En nous fondant sur une analyse conjointe des causes profondes des crises, nous avons convenu avec nos partenaires sahéliens, l’année dernière à Nouakchott, d’axer les futurs efforts de développement de l’Alliance Sahel sur trois priorités : (1) la création d’emplois et d’opportunités de revenus par l’éducation, la formation, le développement des compétences et l’entrepreneuriat ; (2) la résilience aux chocs, notamment par le biais de la protection sociale et des systèmes alimentaires intégrés ; (3) le développement des territoires et l’accès aux services de base. En tant que membres de l’Alliance Sahel, nous réaffirmons ces priorités pour l’année à venir. Nous soulignons l’importance de répondre aux besoins et aux rôles spécifiques des jeunes, des femmes et des filles et d’adopter une approche tenant compte du genre pour l’ensemble de ces priorités. Le secteur privé joue également un rôle crucial en contribuant aux investissements essentiels, stimulant ainsi l’emploi et soutenant l’entreprenariat des jeunes et des femmes.

Dans un effort concerté pour répondre aux défis à la hauteur des enjeux et avec plus d’impact, les membres de l’Alliance Sahel travaillent actuellement à la mise en place d’initiatives conjointes autour des trois priorités stratégiques. Il s’agit notamment de mettre à l’échelle les interventions ayant démontré leur efficacité (par exemple, le programme de protection sociale adaptative au Sahel (PPSAS), le programme conjoint de protection sociale au Sahel, le partenariat pour la résilience au Sahel (SRP), le programme de renforcement de la résilience à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel, le programme intégré de résilience au Sahel, le programme conjoint pour le Sahel en réponse aux défis du COVID-19, des conflits et du changement climatique (SD3C)), et d’encourager de nouvelles initiatives conjointes. À cet égard, nous sommes heureux d’annoncer un partenariat entre la Banque mondiale et l’Allemagne pour mobiliser des ressources pour l’initiative régionale conjointe RELANCE en faveur de l’éducation et du développement des compétences au Sahel. Nous saluons également la création du Fonds fiduciaire pour le Sahel et les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest (Sahel and 16.07.2024 2 West African Coastal Countries Umbrella Trust Fund -), avec un soutien financier initial de l’Allemagne en tant que nouvel instrument de financement pour soutenir des initiatives conjointes et des approches coordonnées. Nous reconnaissons également que l’initiative européenne pour la jeunesse au Sahel est un moyen prometteur de faire progresser l’éducation, le développement des compétences, l’entrepreneuriat et la participation et la représentation des jeunes.

Dans le prolongement des récentes visites dans la région des présidents des organes de gouvernance de l’Alliance Sahel, nous reconnaissons la nécessité d’un dialogue avec les pays du Sahel. Conscients que les points de vue peuvent varier, nous affirmons notre volonté de poursuivre les échanges de manière inclusive avec toutes les parties prenantes, sur la base de la confiance et du respect mutuels, afin d’identifier les intérêts communs, de comprendre les besoins des pays du Sahel et de soutenir la population locale.

Nous reconnaissons le rôle vital des organisations de la société civile (OSC) et des acteurs locaux dans la promotion de la paix, du développement et de la cohésion sociale dans la région du Sahel. Leur présence et leurs efforts de sensibilisation sont déterminants pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité. Nous réaffirmons notre engagement à renforcer les partenariats avec les OSC et à soutenir leurs efforts pour renforcer les communautés et promouvoir les droits humains. À cet effet, la conférence organisée aujourd’hui sur les « Perspectives de la société civile et des gouvernements locaux pour la paix et le développement au Sahel » pourrait être une nouvelle étape d’un dialogue plus régulier entre les représentants de la société civile sahélienne et l’Alliance Sahel.

Nous soulignons l’importance de prévenir toute poursuite de l’expansion de l’insécurité dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest tout en maintenant notre engagement au Sahel. À cet égard, nous reconnaissons la nécessité d’adopter des approches globales et multisectorielles qui soutiennent les efforts nationaux de prévention, renforcent la gouvernance publique et investissent dans le développement de la résilience des communautés locales pour qu’elles puissent résister aux chocs, en particulier dans les zones frontalières. Nous convenons de renforcer notre partenariat sur les programmes de prévention et de cohésion sociale en cours et à venir dans ces zones.

L’avenir du Sahel est déterminé par les États du Sahel et leurs populations. Nous nous engageons à soutenir activement ces efforts et à collaborer étroitement dans les domaines où la coopération est activement recherchée et où les intérêts communs se rejoignent.

En conséquence, nous recommandons ce qui suit :

1. Renforcer le dialogue sur les priorités de développement du Sahel. Nous nous félicitons des échanges ce jour avec les parties prenantes sahéliennes, qui a constitué une étape importante sur la manière d’élaborer des réponses durables, à grande échelle et ayant un impact sur les populations du Sahel.

2. Soutenir l’engagement et faire progresser les priorités stratégiques de l’Alliance Sahel par des initiatives conjointes. À la suite des annonces faites aujourd’hui sur l’éducation et la jeunesse, nous nous engageons à faire progresser d’autres initiatives conjointes de l’Alliance Sahel, en étroite consultation avec toutes les parties prenantes concernées. Nous réaffirmons notre engagement à soutenir ces efforts par 16.07.2024 3 l’intermédiaire des structures de l’Alliance Sahel sur le terrain, et à réfléchir, dans chaque pays, à la manière de renforcer davantage l’impact positif de nos efforts conjoints.

 3. Reconnaître le rôle important des organisations de la société civile (OSC) dans la promotion de la paix, de la redevabilité et du développement dans la région du Sahel. Nous continuerons à soutenir les initiatives de renforcement des capacités et à engager un dialogue plus structuré avec les OSC afin de garantir leur participation active et à long terme à la mise en œuvre des initiatives de développement.

4. Intégrer l’expansion de l’instabilité (spillover) du Sahel vers les pays côtiers de la région dans la réflexion stratégique de l’Alliance Sahel. Nous renforcerons les échanges d’analyses, d’informations et de bonnes pratiques en matière d’outils et d’instruments de développement entre les membres de l’Alliance Sahel et les États côtiers intéressés.