Après Dar-Naïm la semaine dernière, les leaders du FNDU (Forum national pour la démocratie et l’unité) qui regroupe les partis de l’opposition dite radicale ont déposé leur balluchon dans la populeuse Moughataa de Sebkha. Comme d’habitude, la population a répondu massivement en se rendant au meeting organisé près du cinéma Saada. La cherté de la vie, l’insécurité, les rafles intempestives qui semblent n’épargner aucun jeune d’El Mina et de Sebkha ont été au menu des interventions.
Cette fois, le président du parti Arc-en-ciel, Balas se sentant sans doute en terrain conquis s’est adressé à la foule pour mettre l’accent sur le caractère raciste et raciale de la politique du pouvoir basée selon lui sur l’oppression des noirs qui constituent l’écrasante majorité de la population locale. Il a parlé dans ce cadre de l’éviction systématique des enfants noirs au concours d’entrée dans les écoles de prestige, telles que les lycées et collèges militaires ainsi que l’école polytechnique, évoquant au passage le cadre insalubre qui caractérise le quotidien des habitants. Pour Sarr Mamadou, ancien directeur de l’Urbanisme, « il y a des dispositions à prendre pour éviter ce qui arrive aujourd’hui », soulignant que les « gouvernants sont aveuglés par le commerce des lopins de terre ». Selon lui, l’Etat est une continuité et que les gouvernants actuels doivent assumer et réparer en démolissant les vieilles bâtisses et les reconstruire à ses frais.
Les autres intervenants ont tiré l’alarme sur la discrimination raciale qui prend des ampleurs jamais égalées en Mauritanie, car elle tend selon eux, à s’institutionnaliser. Selon le président du FNDU, Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeïny, l’Etat doit appliquer les lois de la République, mettant en garde contre les violations répétées de la loi et fustigeant la politique d’Apartheid qui prévaut en Mauritanie. Selon lui, les populations de Sebkha sont les victimes de cette politique dans l’application inégalée de la loi entre les citoyens du pays, en faisant allusion au sort regrettable des élèves de l’école Nessiba 1 d’El Mina, empêchés de participer au tournoi Qatari « JIM » réservé aux écoliers des pays arabes, tout simplement parce qu’ils sont noirs et pauvres.
Pour le Secrétaire exécutif du FNDU, Ahmed Ould Sidi, le régime est aujourd’hui au bord du précipice, précisant que l’opposition est plus que jamais disposée à couper la route au règne de la corruption qui gangrène tous les secteurs depuis l’accession de Mohamed Abdel Aziz au pouvoir. Pour Moustapha Ould Abeiderrahmane, la Mauritanie est indissociable de ses deux composantes, les Arabes et les Négro-africains unis par la même religion, l’Islam. « Malheureusement, dit-il, la loi n’est pas équitablement appliquée dans ce pays, et c’est là la cause de tous les dérapages que l’on vit aujourd’hui ».
Quant à Samory Ould Bèye, il considère que la crise qui secoue aujourd’hui la Mauritanie, c’est la recrudescence des actes racistes et la non égalité des citoyens devant la loi et les opportunités. « L’Etat esclavagiste et raciste ne peut perdurer, souligne-t-il. Mohamed Abdel Aziz a échoué dans la réalisation des vœux nourris par les Mauritaniens et enfin de compte, il doit dégager ».
Kane Hamidou Baba fustigera dans la même lancée le régime de Mohamed Abdel Aziz, précisant que le pays est dirigé aujourd’hui par « une maffia bien organisée et bien incrustée dans les différents chaînons de l’Etat et de l’administration publique et c’est elle qui empêche l’application des lois et c’est elle qui empêche le règne d’une Mauritanie juste et équitable ». Selon lui, gare à ceux qui leur mettent des bâtons dans les roues, car ils connaîtront le même sort que celui du journaliste Mamouni Ould Mokhtar, ce doyen de l’Agence mauritanienne d’information, débarqué sans droits alors qu’il touchait à la retraite, parce qu’il a seulement osé dénoncer l’injustice.
MOMS (L'Authentique)